mercredi 23 décembre 2009

Fin d'année...

Un mois déjà que je n'ai pas "nourri" mon blog...un mois à jouer à cache-cache avec une infestation de mon portable (toujours pas soignée d'ailleurs!).

Nos narcisses ont grandi et fleuri à très grande vitesse : il a fait jusqu'à 35° dans la classe! Du coup, les pots pailletés sont partis plus tôt que prévu dans les foyers...Tant pis pour la table de Noël...
Ce premier contact avec les plantes a été impressionnant : les bouquets de narcisses, très (trop) odorants, ont ravi petits et grands. Et que dire de la magie des "radines" qui ont crevé les pots de tourbes... Nous avons constaté, commenté, et rempoté dans le pot pailleté. Les données scientifiques s'imposeront plus tard, lors des prochaines plantations. A la rentrée, nous attaquerons les haricots.








J'ai utilisé les photos prises avec mon numérique, petit compact honnête et sans prétention. Il est intéressant, lorsqu'on utilise des photos, de repasser certains détails au feutre fin afin de les mettre en relief. Dans les cahiers des élèves, les copies sont en N&B, et le trait renforcé est d'autant plus important.
Sur la 1ère page, une petite fleur de narcisse, fixée par du plastique adhésif sur un carré de papier de couleur, joue la note "botanique" à côté d'une illustration travaillée à partir d'une photo. J'ai sélectionné ma photo la plus nette, je l'ai tirée en couleur et ensuite, j'ai repassé tous les détails au feutre fin indélébile, avant de placer des ombres au pastel aquarellable et à la mine de graphite. Le résultat, tiré en N&B est criant de vérité...et pour cause : il s'agit, non pas d'un dessin, mais d'une photo "réécrite". Une technique employée par de nombreux illustrateurs. Voilà un truc à réutiliser sans vergogne, qui a, en plus, l'avantage de destresser efficacement. C'est très reposant de se concentrer sur ce type de travail...et en plus, c'est garanti "beau".

Et voilà donc venu l'heure des décorations de fin d'année avec le cortège habituel des travaux à terminer dans l'urgence, des cahiers de vie à mettre à jour, et des retards à rattraper pour cause de gastro...pas de grippe dans la classe, ni dans l'école d'ailleurs...juste les microbes ordinaires.
En 2 jours il a fallu assurer la décoration du couloir. Et il est long le bougre! Mais défi relevé sous l'œil goguenard d'un animateur de cantine. Quand il m'a vue déchirer les lambeaux de papier blanc que j'ai agrafé/collé sur le panneau de liège, avant de jouer de la craie grasse pour donner du relief, il n'a pas pu s'empêcher de dire que lui, il aurait rajouté un ciel bleu, et puis un...un... en arrondissant les mains..."un soleil, c'est ça", ai-je soufflé..."avec une bouche, un nez  et des yeux avec de grands cils?" J'avais tapé juste! Mais non, point de soleil qui s'éclate sur le panneau. Des sapins en relief sur fond de neige, qui se suffisent à eux-même. Élégants et simplissimes.
Pourquoi l'univers enfantin serait-il peuplé de soleils en goguette? Les adultes ont parfois de idées un peu stéréotypées.







Il n'y a rien de tel que de mettre un peu de volume pour mettre en valeur des travaux plutôt simples. La preuve...

Et puis, la dernière semaine, alors que j'avais prévu d'aborder les ordres de grandeur à travers les silhouettes des Maximonstres, la neige est tombée.
Quand un tel évènement se produit, on ne peut pas ne pas en profiter... Et là, ça a été l'impro totale avec les moyens du bord et l'adhésion indéfectible de ma "dame", sans laquelle rien ne serait possible.

J'ai donc préparé à grande allure des feuilles de dessin noires, et des silhouettes de maison découpées dans du papier-machine de couleur avec fenêtres et porte qui s'ouvrent. Des restes de carton ondulé pour le sol, des triangles rouges pour les toits, et des gommettes blanches pour la neige (j'utilise des étiquettes professionnelles rondes blanches, pas chères du tout). Au fur et à mesure, Nathalie supervisait les "colleurs", tandis que les autres se partageaient entre les activités "toupies", abaques et tri, coin d'imitation et observation de la maîtresse en train de découper les-dites maisons.

Et voilà le résultat...toujours dans le couloir, avec, en point d'orgue, le grand sapin collectif confectionné à l'aide des rondelles de carton récupérées.



Au dessus, le texte a été écrit à la colle au pinceau avant d'être saupoudré de paillettes et découpé aux ciseaux. C'est une des rares fois où j'utilise la cursive que je trouve plus adaptée à la nature un peu nostalgique du texte.



Dans leur cahier, les élèves ont eu le texte suivant :



Malheureusement, tous les élèves n'ont pas apporté de petit jouet à coller dans le rond respectif, mais je pense qu'à la rentrée de janvier, je vais pouvoir faire chauffer le pistolet à colle, les parents ayant vu, dans le cahier ce dont il s'agissait.

Voilà une fiche dans la lignée de celle des ciseaux. J'adore ce genre de mise au point.
Et si vous êtes séduit par ces outils, je vous souhaite bien du courage pour en trouver... Je voulais augmenter mon stock cette année, mais j'ai finalement renoncé.
Il existe aussi des toupies dont la pointe est un feutre...



















Bon, je reprends plus tard...il est tard!

dimanche 15 novembre 2009

bibliographie




Quand on n'y connait rien, ou pas grand chose, il faut aller chercher l'information là où elle se trouve : il faut être curieux.
L'idéal est de pouvoir diversifier ses sources : un jardinier, en chair et en os, disponible et patient; des livres, à soi ou à dénicher dans une bibliothèque municipale, et surtout internet où il ne faut pas avoir peur de "vadrouiller".
Pour ma part, pas de jardinier à épingler dans mon panthéon, mais des livres, beaucoup, vulgarisateurs, savants, inventifs, rigolos, impertinents, créatifs... et des heures de surf sur internet.
Entre autres sites :
http://www.lamap.fr/  site qui m'a permis d'identifier la larve de
http://www.jardinons-alecole.org/
et bien d'autres dont des blogs d'associations de passionnés échangistes ...de graines!!!
Il suffit de taper les mots magiques tels : comment planter un plant de tomates, ou quelles variétés de menthe, ou encore : il y a des pucerons sur mes capucines, ou quelle est cette larve...pour que des multitudes de sites et blogs se livrent à votre curiosité. Je suis entrée en relation avec des internautes disponibles et passionnés, prêts à m'aider de leurs conseils et de leurs graines. Qu'ils soient ici officiellement remerciés pour leur gentillesse.
Mais mon outil favori à moi, ce sont les livres : je suis une inconditionnelle du format papier, comme on dit à l'heure du virtuel. Un livre, ça ne vous trahit pas, et hors sa disparition physique dans une catastrophe ou un mauvais rangement dans un mauvais endroit, le livre est fidèlement disponible à merci.
Donc, voici quelques livres à feuilleter ou à dévorer, sources d'inspiration et de connaissances.
D'abord, ceux qui me semblent indispensables :



Un petit livre de base qui permet d'aborder par des expériences simples, les besoins des plantes : lumière, eau, air, chaleur, etc...

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Sans doute l'album qui m'a donné l'envie, un jour, de planter des graines : il date de 1996, et j'ai dû l'acheter à sa parution... Il ne se prend pas au sérieux et pourtant, il y a tout un tas d'idées à piocher et à cultiver, comme le mimosa pudica ou plante chatouille dont les feuilles se rétractent quand on les touche, ou encore la dionée ou plante carnivore attrape-mouche, etc...C'est dans ce livre que j'ai "récupéré" l'idée des têtes à gazon.

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Difficile d'échapper aux "COPAINS DES...", aux sujets variés et bien documentés.
Dans la même collection :


On n'échappe pas aux petites bêtes... et mes élèves adorent manipuler ma collection de bestioles en plastique. Apprendre à compter jusqu'à 8, avec les pattes des araignées, c'est non seulement pédagogique,mais ça permet aussi de se familiariser avec des mal aimées à la mauvaise réputation pas toujours méritée. J'avoue être moins réactive face à ces bestioles qu'il y a quelques année

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Une acquisition récente dont les suggestions s'adressent parfaitement à la culture sur palettes, mais dans lequel on ne trouvera pas de pistes pédagogiques, ni d'activités ludiques comme dans les précédents albums.
C'est un livre de "culture générale" pour le maître, concis, précis et qui donne envie de concrétiser.

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Un ouvrage de référence pour qui veut tout savoir sur les modes de multiplication des plantes : semis de techniques diverses, mais aussi bouturage,division de rhizomes, tubercules, rejets, marcotage, mais aussi culture de fruits exotiques etc... Complet et concis avec photos mais aussi dessins explicites.


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Une bible pour choisir ses légumes à planter, avec des conseils de jardinage et une première partie "mon premier potager" qui donne envie de s'y mettre tout de suite.

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Un album un peu fourre-tout et fouillis, dans lequel on peut néanmoins trouver quelques idées de mise en scène et de bricolage. Pas vraiment indispensable.

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Foin de potager ici, on est dans les fleurs! Intéressant, mais pas indispensable : c'est un livre comme il en existe plein d'autres sur ce thème. A vous de dénicher celui qui vous convient le mieux.

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A utiliser sans modération : surtout ne pas hésiter à le mettre dans les toutes petites mains, même si c'est un livre "savant" destiné à de plus grands lecteurs. A associer aux petites bêtes en plastique, avant de partir en récolte respectueuse dès le printemps.

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Gros ouvrage passionnant à picorer pour s'enrichir et se donner envie d'aller plus loin encore. Organisé par ordre alphabétique, on y croise, au hasard, hannetons,graines, engrais,climats, guêpes et frelons, lumière artificielle... A laisser dans un endroit où l'on stationne par nécessité quotidiennement.

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Voilà un album pour lequel j'ai une vraie tendresse. l'histoire de Castor et de Petit Castor est délicieuse et simple avec des conseils de jardinage efficaces. On peut s'en servir dès lors qu'on a décidé de planter des graines de haricots. C'est un album que je mettrai en scène dès janvier, puisque le haricot a la bonté de bien vouloir pousser à l'intérieur sans se soucier du temps qu'il fait dehors.

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Un petit livre comme je les aime : drôle, impertinent et néanmoins efficace.
Qu'on en juge par ces extraits :




Et il existe un nouveau titre consacré aux petites bêtes en général.

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Voilà donc les outils dont je dispose et grâce auxquels j'ai pu me lancer, sans autre filet, dans la première mouture du Petit Jardin.
Mais au-delà du secours des livres et d'internet, ce sont le soutien moral et matériel des parents de mes élèves, l'enthousiasme étonné des petits, et la découverte de mon côté terrien (un peu normal sans doute, je suis "taureau") ont grandement assuré la réussite du projet.

N'hésitez pas à agrandir la liste aussi bien des livres que des sites.

lundi 9 novembre 2009

des nouvelles des bulbes...

Juste avant les vacances, les élèves ont installé les bulbes dans des godets de tourbe posés eux-même dans des petits pots de plastique pour évider l'effondrement de le tourbe lors de la détrempe de l'arrosage. Un seul avait été installé sur un pot de bébé rempli d'eau, avec l'espoir de lui voir développer des racines bien visibles.
Las, il m'a fallu déchanter : le seul filament qui trempe dans l'eau est le même que celui d'avant les vacances, et la feuille qui pointait ne s'est pas plus développée. Tant pis et même tant mieux : je sacrifierai le bulbe sans regret jeudi prochain pour regarder "ce qu'il a dans le ventre". D'ici là, les 2 élèves en vacances légèrement prolongées seront rentrés et pourront profiter de la la leçon de choses.
Donc, aujourd'hui, observation des plantations, et évidence : "ça a grandi".
Langage efficace et digressions scientifiques : certains bulbes s'étaient dégagés légèrement de la terre et laissaient voir leurs "pattes". Grande question : les bulbes ont-ils des pattes? A quoi servent des pattes? Qui a des pattes? Il a été affirmé que les petites et les grandes personnes marchaient ainsi que les canards et les chiens, mais que leurs pattes s'appelaient des jambes et des pieds, qu'il y avait des animaux qui marchaient sur 2 pattes, mais aussi sur 4. Ma boite d'insectes en plastique est pour le moment égarée, mais je ne désespère pas de leur montrer que les araigrées en ont 8 et les papillons 6. Il a été dit aussi que les poissons de l'aquarium bougeaient, mais qu'ils avaient des nageoires pour nager. Les plantes et les arbres ne bougent pas, ils n'ont donc pas de pattes. Alors, comment s'appellent ce qui poussent en bas? des radines!!! Rectification, prononciation en insistant sur la sifflante.
Donc, sous le bulbe, en bas, poussent les racines, et en haut, sur le dessus, les feuilles grandissent.




Petit exercice d'observation concernant les grandeurs : certaines feuilles étaient plus développées que d'autres, les élèves ont pu discriminer les plus grands et les plus petits..



Ensuite exercice pour lequel j'avais quelques appréhensions : il devait s'appuyer sur l'observation des racines développées dans l'eau du bulbe posé sur le petit pot de bébé, et on sait que celui-ci n'a rien produit.
De plus, je ne savais pas si les élèves seraient familier de l'abstraction (je ne totalise que 6 jours auprès d'eux) : il fallait que les racines restent dans le pot, matérialisé seulement par une ligne. Globalement, l'exercice a été une réussite et les élèves l'ont exécuté avec plaisir, comme en témoignent les travaux ci-dessous.



Comme il est apparu que les bulbes, très vigoureux, ont développé des racines qui sortent déjà des pots de tourbe, il va falloir envisager un rempotage plus rapide que prévu.
Les bulbes fleuris sont destinés à embellir le table de Noël, donc, il faut , dès à présent, que les pots de plastique soient décorés-camouflés. Ce n'est pas quand les fleurs seront là qu'il faudra s'en préoccuper.

Donc, demain matin, les élèves feront connaissance avec mon médium préféré : les paillettes! J'ai fait un essai sur un petit pot ce soir, et c'est tout à fait concluant.



Il ne me restera plus qu'à trouver la bonne idée d'un accessoire de déco à fabriquer et à ajouter pour en faire un vrai pot de Fêtes. Les pots ont été récupérés auprès des jardiniers de la ville, et d'un voisin passionné par son propre jardin et grand consommateur de plants en tout genre.

La suite plus tard, avec une fiche de travail comme je les aime...

Urgence : pépins de tomates.

C'est en visitant, cet après-midi, un jardin de poche, échappée verte et peu domestiquée engoncée entre de vieux immeubles centenaires, tout près de Paris, que j'ai réalisé que nous allions rater la préparation de nos futurs semis de tomates, simplement parce que nous aurions négligé de récolter nos graines au bon moment.
Il y a urgence : le froid s'installe, et nous n'aurons bientôt plus à notre disposition que des tomates poussées sous serre, sans soleil, sans terre, sans amour quoi!
Donc, vite, direction l'étal d'un vrai maraîcher sur le marché : il y a encore des tomates de jardin à acheter,  plus pour longtemps.
Il faudra ouvrir les tomates et récupérer les graines, les installer sur un papier absorbant pour les assécher, et attendre qu'elles soient complètement sèches pour les enfermer dans un petit pot.
Les pépins et autres graines doivent sécher avant d'être planter. 

Quelques informations recueillies ici :    
http://toutlejardin.forum-actif.eu/techniques-f4/recolter-ses-graines-t1133.htm?highlight=recolter+les+graines+d+tomates

Quelques rappels pour bien récolter :

La plupart des graines sont très faciles à recueillir : on verse directement le contenu des capsules des pavot dans des sachets ; on égraine à la main celles des tournesols, des capucines, des cosmos ... S'il faut parfois émietter, écraser, écarteler les fruits pour libérer les semences des soucis, roses trémières, laitues, etc ... une simple passoire suffit pour séparer les graines des débris végétaux.

De nombreuses graines sont dissimulées dans les fruits charnus comme le physalis, la symphorine ... Il suffit d'inciser ces fruits et de libérer leur pulpe dans un bol d'eau tiède. Tamisez les graines, puis faites-les sécher avant de les glisser à l'intérieur de pochettes en papier, de préférence.

Favoriser la germination. Certaines graines (tomates, concombre ...) sont protégées par une substance gélatineuse. Elle contient une formule chimique qui entraîne la "dormance" de la graine et empêche sa germination. reproduisez le phénomène naturel de décomposition en faisant fermenter vos graines. Pour cela, versez-les dans un verre d'eau tiède et patientez 2 ou 3 jours, qu'un film blanchâtre recouvre toute la surface de l'eau. Nettoyez les semences, puis laissez-les sécher sur la grille fine d'une passoire, voire sur le fond d'une boîte à camembert. Durant ce séchage, séparez en frottant délicatement les graines entre vos doigts afin qu'elles ne s'agglomèrent pas.

Des écueils à éviter :

- Les semis de graines récoltées s'avèrent parfois insipides. C'est ainsi que les semences de courges, dont le goût vous a ravi l'an passé, donnent des fruits décevants, que les fleurs aux couleurs appréciées développent de nouvelles teintes.

- Certains végétaux (haricots, tomates) ainsi que de nombreuses fleurs sont autofertiles : sur un même pied, les fleurs se pollinisent entre elles. d'autres sont allogames (courge, choux, laitues ...) et doivent être fécondées par le pollen d'une autre plante pour fructifier. S'il s'agit de variétés ou d'espèces différentes, le croisement est une hybridation. Après le semis, les graines donneront une plante nouvelle.

- Courants sur les étals des jardinerie, les hybrides de première génération, dits "F1", résultent ainsi du croisement de deux plantes différentes. Ils ne sont pas stériles, mais leur semence, récoltée et ressemée, fournit des plants d'aspect très variable, qui ressemblent au porte-graines de l'année précédente ... ou à l'une ou l'autre des variétés parentes d'origine. J'espère avoir été clair !

- Travaillez avec des graines propres et bien sèches que vous glisserez dans des poches en papier. Le papier kraft est idéal pour stocker. Les enveloppes et leurs différents formats conviennent tout-à-fait. Certaines graines minuscules se coincent dans les angles, pensez à les emballer dans un papier de soie avant de fermer l'enveloppe.

- Surtout étiquetez ! On se laisse vite déborder par tous les sachets que l'on accumule au cours de la belle saison. Notez au crayon de papier, le nom de la plante et sa variété (si vous la connaissez), la date de la cueillette ...



J'ai repéré dans le texte une suggestion intéressante d'une plante curieuse : les physalis ou amour-en-cage.On la trouve en ce moment sur les étals et c'est un fruit vraiment singulier, presque magique...


Donc, vite, à vos tomates, et même concombres et courges ou potirons...mais à acheter chez un vrai cultivateur, pas dans les cagettes en direct des élevages intensifs d'Espagne ou d'ailleurs...

dimanche 8 novembre 2009

Bricolage fédérateur de Noël

Une de mes collègues à laquelle je venais d'expliquer mon idée m'a demandé sur quel site je l'avais trouvée... Inutile de chercher, le site, c'est ma tête, tout simplement, mais maintenant, on pourra la trouver sur ce blog qui va finir par devoir se rebaptiser "lepetitjardindesidéesdegribouille"...

Je reste sérieuse : voilà l'occasion d'expliquer comment les fameuses idées me viennent. Je pense que le processus de création ne m'est pas personnel : les idées procèdent toujours d'une réorganisation mentale des acquis. La création absolue, je pense (je prends mes précautions tout de même), n'existe pas. Créer quelque chose à partir de rien et avec rien, c'est un postulat qui appartient au domaine des croyances. On peut évoquer le big bang, mais il fallait bien tout de même qu'il y ait des molécules ou des atomes pour que ça "bigue" et que ça "bangue" : j'avoue que là, ça dépasse largement mes connaissances, et que nous sommes trop loin de Philippe Starck, Dali, Le Corbusier, de l'anonyme inventeur de la roue, de l'artiste de Lascaux et, excusez du peu, de Moi!
Comme je disais plus haut, restons sérieux!
Le créateur, l'inventeur, l'artiste, l'écrivain et l'anonyme qui trouve un truc pour embellir ou faciliter sa vie, ne font rien d'autre que réorganiser des informations collectées activement et/ou passivement, consciemment et/ou inconsciemment. De ce magma plus ou moins organisé d'informations diverses et plus que variées, jaillira l'idée neuve, l'objet nouveau, qui participeront ensuite à l'élaboration d'une autre idée, d'un autre objet en enrichissant les potentiels.
Bon, je m'égare... Très modestement, c'est en faisant mes courses dans le grand magasin de meubles suédois bien connu, que l'idée  a commencé à émerger.

J'étais venue là pour acquérir 3 petites peluches pour illustrer le chiffre 3. Nous avons déjà 1 mini sorcière adorable, 2 rats, l'un tout doux en velours et l'autre dans cette étonnante matière remplie de micro-billes très souple à malaxer.  J'ai trouvé 3 mini souris très douces qui sont désormais accrochées par la queue à l'aide d'une pince à linge sur la corde tendue à travers la classe. Investissement net : 2,97euros pour un énorme éclat de rire en classe quand j'ai sorti de mon sac de courses avec des cris de frayeur, une par une, les 3 bestioles. Je ne sais pas si le chiffre 3 écrit sur l'étiquette surmontant les 3 souris suspendues restera associé à sa découverte active, mais je suis persuadée que l'humour, la surprise et le plaisir font beaucoup pour les apprentissages.
Je sens qu'il y en a qui pensent que j'aurais pu trouver autre chose que des rats et des souris, que ce n'est pas très bien venu dans une classe. Eh bien, non! Ces bestioles suspendues et décrochées de temps en temps pour les toucher, les palper, les compter, et jouer, ne choquent que très peu de temps...les grandes personnes, qui véhiculent tout un tas de préventions qui ont plus à voir avec leur éducation et les interdits culturels qu'avec le réalité d'une douce peluche. D'ailleurs, ces grandes personnes si raisonnables applaudissent Ratatouille sans arrière pensées !

Après cet achat, la logique de circulation dans le magasin m'a fait traverser la zone "vaisselle et autres équipements pour la cuisine". Comme je suis toujours à l'affût d'une nouveauté pouvant faciliter ma vie de "maîtresse de maison accomplie", je furetais parmi les rayons, et commençais par découvrir...une espèce de fleur de carton ondulé, puis une autre, destinées, sans aucun doute à éviter les chocs et donc la casse à des bols ou des coupelles. Je les imaginais déjà recyclées aux couleurs de Noël...mais impossible de dénicher le rayon d'origine, et j'ai dû faire le deuil de ma trouvaille.
Et c'est au hasard de mes recherches que je suis tombée sur la merveille : des cercles de carton fort, semblables aux rouleaux de carton que l'on jette une fois le rouleau de scotch fini. J'ai raflé tout ce que j'ai pu : les clients qui achètent un saladier ne s'encombrent pas de ce qui les isole les uns des autres. J'ai ainsi récupéré une bonne quantité de rouleaux, de circonférence et épaisseur variées, persuadée que je saurais en faire quelque chose, mais ne sachant pas encore vraiment quoi.

C'est là que la machine imagination/création/invention se met en branle. Et je n'ai pas besoin, pour cela de m'assoir et de me prendre la tête entre les mains. Le cerveau est un outil fantastique qui travaille sans qu'on pense à lui et pendant qu'on est en train de faire tout autre chose, comme continuer à déambuler dans les ayons à la recherche d'une autre trouvaille.

J'étais à peine arrivée à la caisse que je savais déjà que chaque élève aurait son rouleau et le mettrait en couleur...ok, ça c'est pas dur à imaginer... Mais pour en faire quoi? Des suspensions au plafond? interdit par le système d'alarme qui se déclenche dès que quelque chose bouge et capte un rayon de lune. Une déco pour le couloir? bof... J'étais sûre que j'allais trouver quelque chose... et c'est le lendemain, en rangeant les rouleaux dans la classe que l'idée a jailli.
Chaque élève peindra un rouleau en vert, l'idéal, étant de proposer diverses tonalités de verts (clairs, foncés, printemps, pomme, citron, mousse, sapin etc...). Des rouleaux surnuméraires seront pailletés en totalité mais resteront anonymes, juste destinés à des ponctuations brillantes, dans l'esprit de Noël.
Le travail prendra peu de temps sur l'organisation de chaque classe, et évidemment, c'est l'idéal : il y a tant d'autres choses à faire.
Une fois la mise en couleur terminée, chaque élève apportera de chez lui une petit objet qui sera destiné à être collé debout à l'intérieur de son rouleau. Seules contraintes : qu'il soit suffisamment petit pour y tenir et que l'élève (et ses parents) comprenne qu'il ne pourra pas le récupérer. Ensuite chaque classe apportera son stock au maître d'œuvre qui officiera dans le préau, à la vue de tous.

Objectif secret qui se dévoilera au fur et à mesure : la construction d'un grand sapin de Noël collectif où chacun pourra identifier sa contribution à l'aide du petit objet.

L'assemblage définitif se fera au pistolet à colle, donc par l'adulte, mais je pense qu'il devrait être possible que chaque élève positionne son objet sur une silhouette préalablement délimitée sur le sol par du scotch d'électricien ou de peintre (qui se décolle sans trace). On peut imaginer pour les plus grands des observations sur la façon dont les cercles de tailles différentes parviennent à s'organiser dans l'espace.
Comme je ne sais pas encore quelle taille aura le sapin, je ne sais pas comment je le ferai tenir debout. Je commence déjà à chercher des solutions. Je sais seulement qu'il serait étonnant que je puisse l'installer contre un mur, aucun ne présentant une telle surface disponible. Affaire à suivre donc.

Une fois le sapin monté, chacun pourra rechercher son œuvre, et pour la retrouver, se trouvera contraint de développer des stratégies de repérage : couleur, positionnement par rapport à l'ensemble, à un rouleau pailleté, aux objets de proximité.... Mais l'intérêt sera surtout d'induire des commentaires et des observations : il y aura 170 objets différents à regarder et à commenter qui seront autant de vecteurs de langage. Et n'est-ce pas ce que l'on doit faire à l'école maternelle...construire son langage, enrichir son vocabulaire, échanger avec ses pairs et les adultes, parents ou personnels de l'école.

Cette nuit de légère insomnie, j'ai repensé le projet et à d'autres extensions possibles : on pourrait fort bien imaginer une "forêt" de sapins sur le mode 1 sapin/1 classe et dont on aurait convenu d'une couleur spécifique avec des objets assortis. Il y aurait donc le sapin des jaunes, celui des verts, des bleus, etc... qui déclineraient toutes les nuances d'une même couleur. Et chaque sapin serait installé sur un lieu collectif comme un préau.
On serait alors dans une œuvre collective mais individualisée par classe qui apporterait ses notes de couleurs et participerait à leur re-connaissance.

Et on peut aller encore plus loin dans l'idée, en oubliant la période de Noël et le collectif au niveau de l'école, pour rester dans sa classe et installer un "collector" des couleurs.  Évidemment, chaque élève ne peindrait pas un rouleau de chaque couleur : il y a 3 ans, mes élèves ont  appris à reconnaître : bleu, rouge, jaune, vert, violet, marron, orange, noir, blanc, rose, et multicolore (un mot magique dont il faudra que je raconte l'histoire amusante), cela en aurait fait des rouleaux à collecter, à peindre et à assembler...sans parler du temps à y passer!
Là, plus besoin de sapin : on peut imaginer d'autres formes, comme des nuages, des maisons, des silhouettes de bonhomme, ou encore des assemblages géométriques relayés par des périmètres marqués sur la feuille de collage, histoire de ne pas oublier les angles inconnus des cercles bien entendu.

On peut aussi s'en servir comme approche des chiffres... Bref, j'ai inventé le recyclage du rouleau à tout faire!

Reste à se fournir en matière première : tout le monde n'a pas un magasin de meubles suédois à côté de chez soi, mais bien d'autres fabricants utilisent ce procédé pour éviter la casse de la vaisselle, il suffit d'explorer les rayons du supermarché, ou encore du magasin de vaisselle. Je serais fort étonnée que les commerçants ne rentent pas dans le jeu, surtout si vous expliquez pourquoi vous en avez besoin et que vous proposez de revenir avec une photo de l'ouvrage une fois terminé...il faut savoir intéresser et motiver.
Une de mes collègues a eu une idée géniale quant à une autre source d'approvisionnement : utiliser les rouleaux sur lesquels sont enroulés les tissus. Les magasins s'en débarrassent facilement, et ils sont souvent de sections diverses. Ensuite, il s'agira de les débiter en rondelles plus ou moins épaisses : ce serait bien le diable si il n'y avait pas un papa bricoleur équipé d'une scie circulaire et doué de bonne volonté pour dépanner l'école de son enfant.

A ne pas oublier pour éviter l'uniformité et générer un relief accrocheur : varier les circonférences et les épaisseurs. Jeux ensuite sur les tonalités de la couleur choisie. Et petit objet à coller de la même couleur dominante que son support dans le cas d'un travail sur les couleurs, mais couleurs indifférentes pour le grand sapin vert collectif.

Cerise ultime sur le gâteau : on peut imaginer un jeu de mémory en photographiant chaque rouleau avant montage, et en faisant des tirages NB et/ou couleurs, si l'école est riche. Un tirage de 9 photos par page n'induirait que 19 feuilles à plastifier après découpe individuelle pour un jeu utilisable par toute mon école de 6 classes : ce qui reviendrait nettement moins cher que les jeux hautement pédagogiques proposés par les fournisseurs spécialisés et serait néanmoins beaucoup plus motivant parce qu'élaboré dans le cadre du vécu scolaire collectif .
Dans le cas du sapin collectif vert, il n'existe pas de contrainte de couleur à propos des objets à coller : les cartes peuvent alors servir à des classement par couleur dominante, ou encore, par famille d'objet. Comme pour tout classement, il y aura inévitablement, des "vilains petits canards" inclassables. Ce sont eux qui permettront la mise en valeur des critères de classement : ne les écartez pas, ils font vraiment partie du jeu.

Je n'ai pas fait de schéma de réalisation, mais si vous en avez besoin, pas d'hésitation, demandez.... De même si mes explications ne vous semblent pas suffisamment claires.

Maintenant que j'ai exposé mon idée...à vous de jouer le jeu aussi...y voyez-vous d'autres extensions?
J'aimerais bien avoir vos réactions et vos suggestions...je suis sûre que cette lecture aura éveillé d'autres idées...Lancez-vous!

Epilogue d'épilogue...

Impossible de faire ce que je voulais dans ma mise en page : j'ai dû publier pour me débarasser du problème. Et comme tout est venu de l'incrustation des images, je les programmerai à la fin.

L'année scolaire 2008 s'est terminée malheureusement trop tôt : les courgettes en étaient aux boutons floraux, et les tomates cerise étaient encore un peu vertes, mais il y avait tout de même de jeunes haricots à récolter. Je ne me souviens plus si les aubergines étaient en fleur, de même pour les poivrons.

Cette année, nous commencerons les semis plus tôt, bien avant les vacances de printemps, de façon à gagner un mois minimum sur les repiquages à l'extérieur. Et au lieu d'utiliser des plants de laitues achetés en jardinerie, nous les sèmerons et élèverons nos bébé-plantes dans la classe-nurserie.
Je pense que cette année, nous allons, encore, bien nous amuser!

La période qui s'annonce sera centrée sur la préparation de Noël, bien sûr, et donc sur nos bulbes de narcisse qui ont déjà bien grandi.

Nous commencerons les choses vraiment sérieuses à la rentrée de janvier avec des plantations de haricots à l'intérieur. Le haricot s'accommode très bien de ne pas respecter les saisons et nous en profiterons pour observer de plus près le phénomène de la germination. Mais attention : pas de graines de haricots en train de moisir/pourrir dans du coton. On peut faire beaucoup mieux pour l'observation tout en plantant vraiment dans des godets.

Et dès la rentrée des vacances de février, nous entrerons dans le vif du sujet...ce qui suppose qu'il aura déjà fallu faire de l'information auprès des parents. Et vous verrez que si vous parvenez à communiquer votre  enthousiasme, ils vous étonneront en vous apportant bien plus que ce que vous aurez demandé.

En attendant, faites comme moi : récupérez tout ce qui peut, d'ores et déjà, être stocké : je veux parler  des bacs de semis et des godets de repiquage. Pour les bacs, j'ai utilisé tout ce qui me tombait sous la main : des   récipients jetables de la cantine, des grands pots de crème fraîche et de fromage blanc donnés par le crémier du marché, le bac plastique d'une ancienne cage à lapin nain, mais aussi des cagettes tapissées de plastique épais genre sac à gravats. Des parents avaient aussi apporté de vieilles jardinières, des récipients en tout genre et même de vieilles bottes de caoutchouc et un vieux pantalon dont j'ai supprimé les jambes avant de fermer l'ouverture à la machine à coudre : une fois rendu imperméable avec un sac poubelle, des capucines y ont joliment fleuri.
La semaine dernière, j'ai repéré, en allant faire mes courses, un camion de l'entretien des espaces verts municipaux. Les jardiniers étaient à pied d'œuvre, en train de repiquer des pensées sur un énorme massif. Je suis allé aimablement demander si je pouvais récupérer les godets de plastique. Et deux heures plus tard, une quantité astronomique de godets m'attendait, soigneusement empilés. Je suis repartie ravie avec mes trésors en remerciant chaleureusement. Je crois que j'ai bien amusé ces messieurs les jardiniers qui ont été assez gentils pour m'attendre un peu alors qu'ils avaient terminé leurs plantations légèrement plus tôt que prévu.

Et si le côté "palettes" vous a définitivement séduit, commencez déjà à collecter (j'en ai déjà récupérer deux magnifiques). Surtout, pas de palettes colorées : les produits destinés à traiter le bois les rendent même impropre au recyclage "barbecue".
La hauteur des palettes n'a aucune incidence sur l'esthétique d'un assemblage. Donc, ne pas se "prendre la tête" pour qu'elle soient toutes semblables.
J'avais utilisé pour les assembler de la ficelle donnée par un papa facteur (de cette ficelle qui sert à sérier le courrier à distribuer et qu'on retrouve parfois sur le trottoir sans savoir d'où elle provient).

Les palettes ont été également utilisées horizontalement pour poser les récipients divers dédiés aux radis, capucines, poivrons, aubergines et courgettes. Non seulement ils s'en trouvent réhaussés, mais esthétiquement, le bois reste vraiment naturellement superbe.

Pour preuve cette photo que je trouve particulièrement réussie et qui évoque, pour moi, toute la sérénité et le bonheur que nous avons pu trouver à jardiner modestement.
La chaise a été récupérée un jour de "rebuts encombrants" et aurait été bien en peine de supporter quiconque. Du gazon et des graines de fleurs variées ont été semés dans les pochettes d'un panneau destiné à recevoir des photos (penser à toujours percer un petit trou d'évacuation du trop plein d'eau d'arrosage).
Les poteries ont été offertes par des parents enthousiastes, et resserviront cette année, bien entendu.

Prochaine fiche : ma super idée de déco de Noël, un collectif fédérateur, vraiment fédérateur, et très beau, qui peut concerner une seule classe, mais aussi toute une école...c'est à dire, pour la mienne, environ 170 enfants.
J'ai hâte d'en être au stade de l'installation...

En attendant, plein écran sur la palette-expérimentale :



Je sais bien qu'une des palettes a de la peinture rouge, mais celle-là n'était pas toxique!

Et puis, il faudra aussi que je pense à vous donner une petite bibliographie, et les textes des chansons et comptines...


Epilogue du Petit Jardin, version 2007-2008



Je n'arrivais pas à me décider à publier ces dernières pages, comme si le blog allait s'arrêter là, alors que l'aventure est repartie cette année dès ma rentrée en octobre.

Et puis, il se trouve que j'ai trouvé une super idée pour Noël qui pourrait bien vous en donner aussi... alors, avant de me lancer dans ces nouvelles explications, je livre les dernières pages...avant les prochaines, in vivo!















Et voilà l'ultime page, celle d'une dégustation qui a tellement ravi qu'il a fallu recommencer le jour suivant.
Pourtant, qui se serait laissé aller à parier qu'une classe de petits se serait prise de passion pour la laitue à 10h du matin!
Le lendemain, c'est toute l'école qui a pu goûter notre production : les plants avaient bien donné, comme on dit en jargon jardinier.
Pendant que les élèves jardinaient en palettes, les semis, par ailleurs surveillés, observés et entretenus dans la classe, ont fini par nécessiter un repiquage massif. Ce sont les classes de moyens, et l'autre classe de petits qui ont bénéficié des largesses de Dame Nature. Pendant que les petits faisaient la sieste, j'ai accueilli mes "anciens" pour une séance de plantation, et chacun est reparti avec un pied de tomate à faire grandir "à la maison".

samedi 24 octobre 2009

Un "truc" à moi que je vous offre volontiers

Ce matin, un de mes petits élève est arrivé "en crise" à l'école. Son papa a eu du mal à déserrer les doigts qui le cramponnaient, et il est parti rapidement, après avoir dit au revoir tout de même, tout à fait conscient que sa présence ne résoudrait pas le problème.
Tous les enseignants de maternelle connaissent ces chagrins qui peuvent s'avérer communicatifs et face auxquels on est le plus souvent démuni.
Moi, j'ai un truc... infaillible ou presque. Je peux presque me vanter de ne pas connaître d'échec.
Un truc que j'ai "inventé" il y a plus de 15 ans pour ma fille d'abord, et que j'ai introduit ensuite dans ma classe pour la Fête des Mères, pour finalement le banaliser un jour de nécessité dans une fulgurance d'évidence.
J'utilise des Enveloppes à Bisous...à Vrais Bisous!
J'ai quelques précieuses photos d'élèves, assis côte à côte sur les petits bancs, tous le nez consciencieusement plongé dans l'enveloppe qu'ils venaient de décorer pour l'offrir à leur maman, et faisant résonner les bisous, avant de vite vite la fermer "pour pas que les bisous s'envolent".
Très vite je me suis rendue compte qu'il fallait un mode d'emploi à ce cadeau, parce qu' inévitablement, il y avait toujours une maman qui arrivait le lendemain, l'enveloppe ouverte à la main : "vous avez du oublier quelque chose, il n'y avait rien dedans!". La parade avait été immédiate, et je me demande encore comment j'ai pu m'en sortir de cette pirouette, sans doute à cause du regard désespéré de l'enfant. "Vous avez du l'ouvrir trop vite, les bisous se sont tous envolés, pourtant, je peux vous l'assurer, votre enfant en a mis beaucoup dedans, et ça faisait même beaucoup de bruit". La maman réalise alors sa gaffe (c'est pas bête, une maman, souvent juste un peu débordée) et comme je ne veux pas la laisser en difficulté, j'ajoute : "mais ce n'est pas grave, on va en faire une autre". Ouf, tout le monde est sauf!
Cela fait donc longtemps que l'Enveloppe à Bisous fait partie de mes stratégies de "maîcresse" d'école, et cette année encore, elle ne va pas chômer. Quand une maman est partie trop vite, ou un papa, bien sûr, quand il manque un câlin, je ne détourne jamais l'attention de l'enfant, je ne lui propose pas d'oublier son chagrin, au contraire, je mets des mots dessus. Je dis doucement : tu as un chagrin? tu es en colère? tu veux ta maman? tu voudrais lui faire un bisou? tu la verras ce soir, elle est au travail, elle a plein de choses à faire pendant que toi tu apprends à grandir. Mais si tu veux, ton bisou, tu peux le mettre dans une enveloppe, et tu lui donneras ce soir.
Eh bien, vous savez quoi? ça marche! Les bisous dans les enveloppes, on les entend! Et le soir, on ne l'oublie pas.
 Ce matin, j'ai donc ressorti ma stratégie anti-chagrin : j'ai emmené l'enfant avec moi dans le dortoir qui jouxte la classe, calmement, mais en lui tenant fermement la main, malgré ses cris et un peu de résistance. Le plus important est de ne pas se sentir personnellement agressée, parce que ça, l'enfant le ressent et le chagrin devient alors objet de conflit, ce qui évidemment déplace le problème, le complique et ne permet pas de le résoudre dans la sérénité. Je l'ai installé sur le bureau, et moi, assise sur la chaise, lui faisant face, de telle sorte que je puisse capter son regard alors qu'il baissait la tête tout à ses larmes. J'avais ses mains dans les miennes et je lui ai parlé doucement de son chagrin. Il voulait voir sa grande sœur. J'ai expliqué que ce n'était pas possible, mais je lui ai dit, d'un ton très confidentiel, que je pouvais faire quelque chose pour lui. Je lui ai dit que ce bisou qu'il voulait lui donner, il pouvait l'enfermer dans une enveloppe et lui offrir ce soir. L'enfant était déjà calmé...les Enveloppes à Bisous agissent d'une façon très mystérieuse et toujours spectaculaire pour peu que leur usage soit sincère.
Nous sommes allés chercher une enveloppe ordinaire dont j'ai toujours une liasse en réserve..
Pour continuer dans la mise en scène de l'émotion et parce que je crois qu'il est important de "dramatiser" ce qui va suivre pour lui conférer sa légitimité, nous sommes retournés dans le calme et la pénombre du dortoir, accompagnés de quelques curieux intrigués et néanmoins silencieux. Là j'ai demandé s'il était prêt...et j'ai tenu l'enveloppe ouverte devant ses lèvres. Et il n'y a pas mis qu'un seul bisou! Ensuite, j'ai vite clos l'enveloppe et j'ai écrit dessus, en lisant à haute voix au fur et à mesure : dans cette enveloppe, X a mis de vrais bisous pour sa grande sœur Y. Et l'enfant est allé ranger l'enveloppe dans son sac à dos, enfin réconcilié avec la terre entière.

Et c'est toujours avec le même succès que les chagrins d'amour prennent fin dans ma classe...il suffit de mettre des bisous, des vrais, dans une enveloppe!

Un jour, une collègue ou une maman, je ne sais plus, m'a suggéré de mettre des empreintes de lèvres découpées dans les enveloppes...Allons! les bisous sont-ils des traces sur un papier? certainement pas! Les bisous, c'est un joli bruit qui s'échappe dans un souffle d'amour, ça ne se dessine pas, ça ne s'imprime pas...mais on peut quand même les enfermer...dans une enveloppe par exemple. D'ailleurs, les enfants le savent bien : quand on colle son oreille sur une enveloppe remplie de bisous, on les entend, et ça fait du bruit!
Il me plait vraiment de penser que des mamans (ou des papas) ont, dans leur armoire, des enveloppes à bisous qu'elles conservent pour "quand elles en auront besoin".

Ces pourtant très modestes enveloppes me font toujours autant rêver : elles ne contiennent rien de palpable, de mesurable, et pourtant, elles sont remplies de tout l'amour du monde, toujours. De la poésie pure.

Pour les grands jours, évidemment, on décore une belle enveloppe accompagnée d'un texte de ma composition, imprimé sur un papier que je parchemine sur la plaque électrique de la salle des maîtres (fenêtres ouvertes, car fumées certainement peu recommandées) :






Pour ceux qui tiquent sur le "qu'à l'air de rin", il s'agit d'un clin d'œil spontané à une poésie de Jean Tardieu, "La môme Néant". J'adore ce poète et particulièrement ce texte.

Et puis un jour, on m'a demandé de fabriquer des enveloppes que l'on pourrait m'acheter...
Et puis un jour, j'en ai vendues lors d'une exposition : j'ai été stupéfaite du succès, et ravie de voir qu'autant de monde puisse être sensible à la poésie de l'objet. Plus tard, j'ai même retrouvé un fragment de ma poésie sur le blog d'une personne qui avait reçu une de mes enveloppe en cadeau...et on n'avait pas oublié de noter mon nom d'auteur, ce qui, bien sûr, m'a encore plus touchée.
Voilà donc l'histoire de l'Enveloppe à Bisous, dont j'ai fini par protéger le concept en attendant qu'un jour peut-être... mais je me sens plus douée pour la création que pour la commercialisation!
Je vous livre les textes qui accompagnent mes enveloppes. Je suis sûre que vous allez apprécier.




C'est vraiment un super truc pour désamorcer un gros chagrin, et ce n'est pas une manipulation de l'enfant pour avoir la paix : je respecte son chagrin qui est légitime, et je lui permets d'en sortir en transcendant son désir, en différant son besoin...ce qui peut aussi s'appeler apprendre à grandir...
Et moi, franchement, je suis ravie de distiller des petites touches de poésie et de bonheur juste avec une enveloppe...et un peu d'amour!

Est-on loin du Petit Jardin? Je ne crois pas...parce que jardiner, c'est aussi cultiver du bonheur et s'émerveiller de la vie, tout simplement...

Ce qui me fait penser qu'il me reste encore quelques pages à publier de mon dossier pédagogique...

mercredi 21 octobre 2009

passons aux choses sérieuses...

J'ai donc retrouvé ma classe et mon poste, à mi-temps...ce qui est bien suffisant pour mon oreille bionique. Le soir, j'apprécie calme et silence une fois que les acouphènes ont daigné cesser de prendre le relais du bruit inévitable d'une classe maternelle.

Démarrage au pied levé, haute voltige et séduction : élèves et parents ont été, les premiers, séduits, et les autres rassurés quant à la capacité d'adaptation de leurs petits à une nouvelle maîtresse.

Samedi dernier, je suis allée hanter une Journée des Plantes à Courson (91) et j'ai fait quelques rencontres fort intéressantes. Il a fallu que j'aille aussi loin pour apprendre qu'à Maisons-Alfort (94), dans l'enceinte de l'Ecole Vétérinaire, on ne se contentait pas d'étudier et soigner chevaux, lapins, gallinacées en tout genre, chiens et autres minous, mais qu'on y observait aussi les plantes...et que même un potager se cultivait par des groupes scolaires sous l'égide d'un professeur grand maître jardinier. J'ai présenté mon Petit Jardin qui a eu l'heur de surprendre et d'intéresser comme une alternative au manque de surface cultivable dans certaines écoles.
Un de ces mercredis prochains, je rendrai une petite visite au potager de l'Ecole Vétérinaire..
.
Donc, j'étais à Courson, navigant  d'herbes aromatiques anciennes -thym citron, thym réglisse, thym eucalyptus, mais aussi menthe ananas, menthe gingembre, menthe bergamote- en dégustation de confitures de fruits sauvages glanés au bord des chemins par un vrai passionné (ma préférée, une rhubarbe aux fleurs de sureau à la fois acidulée et d'une merveilleuse douceur). Il y avait aussi les inévitables et fascinantes plantes qui poussent quasiment sans eau, des orchidées somptueuses (même si je goûte peu leur beauté hiératique), une collections d'agrumes qui m'a permis de vérifier de visu la taille des spécimens mentionnés dans mon livre"La Cuisine des Agrumes" et d'ajouter à mes connaissances le petit citron-caviar dont les grains, de la taille des fameux œufs de poisson, mais couleur pamplemousse légèrement rosé, s'échappaient en trop-plein d'une incision de l'écorce.
Tout ça pour arriver, par hasard et sur le chemin de la sortie, devant un gigantesque éventaire de cagettes contenant des bulbes de toutes couleurs et de toutes tailles.
Pourquoi pas planter des bulbes qui fleuriraient la table de Noël....réflexe d'enseignant en fonctionnement pédagogique permanent!
Donc, je commence à chercher le bulbe magique, à planter de suite, qui ouvrirait ses fleurs dans moins de 2 mois et qui ne grèverait pas le budget de la classe. Le bulbe à 5 pattes!
L'horticultrice s'est proposée de m'aider et m'a déniché l'oiseau rare...mais un peu cher. Quel est votre budget finit-elle par me demander...et elle de m'offrir les 24 bulbes nécessaires pour la somme dont je disposais, puisque c'était pour une classe. Et comme je lui montrais le projet du Petit Jardin, j'eus droit à quelques bulbes de crocus à safran en prime. Merci beaucoup, Madame, pour votre gentillesse, dès demain, les bulbes seront mis en godets.
Mon butin attend donc depuis quelques jours, dans la voiture, mon retour en classe. J'ai acheté terreau de plantation universel et godets de tourbe (à moins que je trouve dans les réserves de l'école 24 pots en bon état).



J'ai récupéré sur internet une photo de "narcisse paperwhite", un narcisse spectaculaire dont les fleurs blanches, petites et parfumées s'accrochent en bouquet fourni en haut de la tige.
J'ai aussi déniché un article fort intéressant qui suggère de placer les bulbes au froid avant plantation, afin d'accélérer la végétation.4 jours et 5 nuits dans la voiture, avec les températures en baisse, ça devrait être parfait.

o Plantations à l'intérieur : En pot ou dans une jardinière ( crocus, narcisses, tulipes, amaryllis), plantez les bulbes bien serrés les uns contre les autres pour obtenir un effet de masse ( à l'exception de l'amaryllis qui demande un pot assez large et doit être planté seul).
ATTENTION! ne les recouvrez pas entièrement et laissez la pointe en dehors.
Arrosez régulièrement.
La plantation en intérieur peut également se faire dans un pot ou une carafe rempli d'eau.
Afin d'accélérer leur floraison, laissez les dans un endroit sombre et frais jusqu'à ce que les pousses sortent jusqu'à environ 8 cm, ou bien laissez les bulbes pendant une semaine ou plus dans le bac à légumes du réfrigérateur. Puis mettez les au clair dans la maison, près d'une source de chaleur.

http://www.plantes-et-jardins.com/magazine/fiches/fiche.asp?id_fiche=8

Donc, demain, nous planterons nos bulbes de narcisses, mais nous allons réserver les bulbes de crocus pour la rentrée des vacances d'automne : la floraison devrait se faire rapidement en 3 semaines. Il vaut donc mieux attendre si nous voulons voir pointer les premières feuilles. Pour nos narcisses, il ne devrait pas y avoir grand changement en 10 jours...

Je commence déjà à réfléchir à la façon dont les narcisses seront présentés. Ce sera le "cadeau" que les élèves rapporteront à la maison, et il faudra lui donner un air de fête. Il y aura sûrement des paillettes. J'adore les paillettes et les élèves aussi! A moins que sobrement, je me contente de peinture dorée. J'ai déjà une petite idée.

Et il faut que je rédige une fiche de progression, et que j'élabore des exercices. Courson et ses bulbes m'ont un peu forcé la main -une excellente motivation pour renouer avec la pédagogie et la programmation des acquisitions.

Demain, les élèves enrichiront leur vocabulaire et leurs connaissances botaniques : narcisse, bulbe, fleur, bouquet, tige, feuille, terre, terreau, godet; et ils se saliront les mains en installant leur bulbe dans leur godet avant de l'installer sur la tablette posée sur les radiateurs devant les baies vitrées. Un endroit royal pour pousser en toute quiétude.

Nous n'aurons guère de temps à consacrer à d'autres choses : demain, journée du goût à l'école, toutes les classes vont se retrouver autour d' un grand buffet des couleurs, dédié aux fruits et légumes d'automne.

mardi 13 octobre 2009

Dans une classe, même le plus anodin ne répond pas au hasard

Comme je l'ai dit dans une réponse à Sol-poisson, me voilà revenue sur le terrain après une absence d'un peu plus d'un an. J'ai été surprise de la façon dont j'ai réinvesti ma panoplie de maîcresse d'école (non, y a pas de faute d'orthographe...). C'est comme si, en quelques minutes, des parenthèses avaient absorbé cette absence pourtant longue.
Quand on est enseignant depuis un certain temps dans une même école (14 ans déjà), dans une même salle de classe de même niveau (6ème année), on finit par fonctionner dans un espace aménagé au gré des nécessités, mais dont l'ergonomie n'a pas livré ses secrets, tout simplement parce que la pratique n'est pas nécessairement conjointe à la réflexion. Heureusement qu'on ne passe pas son temps à s'interroger sur ses motivations, sinon on en finirait par ne plus avoir le temps de vivre.
Mais là, il se trouve que "mon" espace a été réaménagé par l'enseignante qui a vécu en ces lieux pendant plus d'un an. Normal qu'elle ait trouvé ses propres marques. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de reprendre possession du "territoire" en lui redonnant quelques airs d'autrefois. Exit les 2 grands tables octogonales (au look pourtant sympa) mais qui ne permettent pas à 8 enfants de s'installer confortablement devant une feuille A4 dans le sens de la longueur, et dont le rayon dépassant largement l'amplitude d'un bras de petit enfant ne permet pas l'accès de chacun aux mêmes accessoires/outils. J'ai récupéré mes 4 petites tables rectangulaires de 4 places pour travailler, et jusqu'à 6 pour jouer ou manipuler. Avec ces petites tables, je peux varier l'aménagement des surfaces de travail à volonté, en les assemblant par 2, par 4, ou 3 + 1, dans la largeur ou la longueur. Et un changement de géographie de la classe ne laisse jamais indifférent : l'ambiance change, les circulations sont différentes, les échanges aussi. Quand toute la classe se trouve réunie autour des 4 tables assemblées avec une plus grande, il y a comme un air de fête qui participe de la communication ouverte : chacun voit tout le monde, et je crois que c'est dans ces moments que la notion d'appartenance à un groupe prend vraiment tout son sens, bien plus que dans les coins de regroupement où le groupe est plutôt orienté vers le Grand Dispensateur de mots (l'enseignant(e) bien sûr). Si vous le pouvez, testez dans vos classes si vous ne l'avez déjà fait.
Bon, voilà pour les tables.
Mais j'ai parlé aussi de l'organisation du coin regroupement. Ma jeune collègue est très à l'aise assise sur une petite chaise, le dos au mur sur lequel sont affichées les comptines apprises. Les élèves occupent 3 bancs situés en face et de part et d'autre, le surnombre s'installant par terre sur un tapis. Une organisation assez classique que j'ai pratiquée aussi mais dont je me suis très vite débarrassée. Et c'est là que je me suis posée la question : pourquoi avoir réorienté le système en miroir...c'est à dire les enfants dos au mur et moi avec tout l'espace classe dans le dos. Jamais je ne me serais interrogée sur cette question si je n'avais pas repris mes fonctions dans cette classe qui avait vécu sa vie sans moi pendant un an.

Le 1er jour, je me suis assise sur la petite chaise consacrée, le dos au mur.

Malaise et douleurs.
Éliminons les douleurs d'abord, c'est la chose la plus simple à expliquer. Je ne suis plus de première jeunesse et un de mes genoux a connu les joies du bistouri à la suite d'une chute. Tenir assise sur une petite chaise pendant 15 à 20mn sans bouger, aïe. Évidemment, je peux mettre une grande chaise, mais là, je m'éloigne en hauteur des élèves les plus proches et dont les yeux sont donc moins accessibles, tout en introduisant dans un espace destiné à d'autres activités un élément sujet à dangers et donc à ôter et remettre en place jour après jour.
Malaise ensuite : je me sens très vite coincée par le groupe qui m'entoure et dont les regards et les attentes convergent vers moi, physiquement bloquée par le mur. Impossible de sortir de là sans écraser un doigts par ci, une main par là. Et puis, une fois assise, je ne peux plus me lever tout simplement parce qu'il n'y a plus de place.Et je ne parle pas du cahier de liaison qui arrive alors que nous sommes enfin installés et que je dois signer en jouant les acrobates.

La classe, pour moi, est une salle de spectacle permanent dont je suis l'organisatrice et l'animatrice. J'ai besoin d'espace tout simplement parce que je ne sais pas raconter une histoire, chanter une comptine ou introduire une notion de bijection sans me lever, bouger, m'agiter, aller chercher un objet ici, une feuille là...toutes choses impossibles à faire lorsque je suis installée le dos au mur avec les enfants si proches que nous pouvons nous toucher. Et s'il faut que je puisse me déplacer sans bouleverser leur propre installation (allez vous dégager du piège de la petite chaise sans que des élèves se lèvent à votre suite...), il faut aussi qu'ils puissent me voir et que je puisse les voir le plus confortablement possible. Si je suis trop proche, ceux qui sont près de moi sont obligés de lever la tête plutôt inconfortablement, et moi, je ne peux plus embrasser les regards au même niveau.
Et puis, en instaurant un certain espace de confort entre les plus proches et moi, je limite les pulsions naturelles des petits qui veulent capter l'attention et finissent par se jeter sur la maîtresse.
Donc, pour le confort de mes genoux, je pose les fesses sur une des fameuses petites tables, face aux élèves installés sur des bancs autour du tapis où certains ont pris place, tournant le dos au mur.

Ce qui est gênant, ici, c'est le fait que l'affichage des comptines soit au mur et que conséquemment, les élèves lui tournent le dos. L'inconvénient est cependant très mineur. Chaque comptine affichée colorée se retrouve à l'identique mais à colorier dans chaque cahier de vie : chacun a la sienne propre, et l'affichage de la classe fonctionne plus comme une mémoire collective à laquelle on peut toujours faire référence mais dont on n'a pas vraiment besoin au moment du regroupement. Les comptines et chansons sont autant de morceaux à dire, chanter mais surtout faire vivre avec forte implication corporelle et gestuelle : on est bien trop absorbé pour avoir besoin du support écrit. Par contre, en dehors de ces séances de pratique, c'est très souvent que des élèves spontanément réinvestissent les apprentissages sollicités par les textes et illustrations identifiés.
Installés ainsi, spontanément les rôles sont définis, et ce qui est étonnant, c'est que, bien que l'espace face aux élèves soit ouvert, ils ne quittent pas leur place (sauf pour un pipi anecdotique ou un nez qui coule de saison).
Moi, en face d'eux, je joue les maîtres d'œuvre : j'anime, je fais vibrer, je sollicite l'attention, je joue, je suis actrice des savoirs que je mets en scène. Quand j'ai besoin d'un support pour expliquer un exercice ou dessiner un bonhomme sous dictée par exemple, j'installe un petit chevalet sur la table, tout simplement. D'ailleurs, les élèves adorent le moment du petit chevalet qui signifie qu'ils vont devoir résoudre un problème collectivement avant de passer au travail individuel.
Et vous savez quoi, quand j'ai fini mon numéro de séduction pédagogique, sans qu'on leur demande rien, spontanément les élèves applaudissent et dès qu'il s'agit de passer aux traces sur papier...il faut freiner les enthousiasmes parce que tout le monde veut travailler tout de suite.

Je pense que l'installation spontanée et traditionnelle de l'enseignant dos au mur qui supporte les affichages répond à un faux problème : capter l'attention en misant sur le fait qu'en bloquant l'espace visuel des élèves on évite la dispersion de l'attention. C'est rassurant, parce que tout le monde ou presque fonctionne de cette façon, et que donc, ce doit être une bonne méthode.
Moi, je dis non! On se rassure, certainement, mais on se prive de tout un espace disponible simplement parce qu'on craint de se laisser déborder. Or, si la prestation est bonne, les regards ne quitteront pas le spectacle. Au contraire. Et ce sera d'autant plus fort que l'espace sera ouvert. Et puis, quand on est libre de bouger, on peut aller chercher l'objet, le livre dont tout à coup on a besoin...On peut oser un geste large sans rencontrer une tête.  Que celui qui ne s'est jamais trouvé un peu à l'étroit dans son animation lève le doigt...de même celle qui s'est dit, ça il faudra que j'y pense la prochaine fois, alors que si elle n'avait pas été coincée par son groupe, la prochaine fois aurait été tout de suite  Prenez des risques, lancez-vous...on y gagne en liberté,  en spontanéité, en fantaisie, en plaisir, en qualité pédagogique. Et ça vaut pour tout le monde, les petits comme les grands. On peut enseigner dans le plaisir. On peut apprendre dans le bonheur.

Et pour faire passer ce discours "technique", une comptine illustrée à l'aide de photocopies agrandies d'un album dont les coordonnées sont notées en marge en bas à gauche.
La comptine affichée et qui est déjà agrafée au mur, a été mise en couleur à l'aide de craies aquarellables qui permettent de conserver la structure graphique.