dimanche 8 novembre 2009

Bricolage fédérateur de Noël

Une de mes collègues à laquelle je venais d'expliquer mon idée m'a demandé sur quel site je l'avais trouvée... Inutile de chercher, le site, c'est ma tête, tout simplement, mais maintenant, on pourra la trouver sur ce blog qui va finir par devoir se rebaptiser "lepetitjardindesidéesdegribouille"...

Je reste sérieuse : voilà l'occasion d'expliquer comment les fameuses idées me viennent. Je pense que le processus de création ne m'est pas personnel : les idées procèdent toujours d'une réorganisation mentale des acquis. La création absolue, je pense (je prends mes précautions tout de même), n'existe pas. Créer quelque chose à partir de rien et avec rien, c'est un postulat qui appartient au domaine des croyances. On peut évoquer le big bang, mais il fallait bien tout de même qu'il y ait des molécules ou des atomes pour que ça "bigue" et que ça "bangue" : j'avoue que là, ça dépasse largement mes connaissances, et que nous sommes trop loin de Philippe Starck, Dali, Le Corbusier, de l'anonyme inventeur de la roue, de l'artiste de Lascaux et, excusez du peu, de Moi!
Comme je disais plus haut, restons sérieux!
Le créateur, l'inventeur, l'artiste, l'écrivain et l'anonyme qui trouve un truc pour embellir ou faciliter sa vie, ne font rien d'autre que réorganiser des informations collectées activement et/ou passivement, consciemment et/ou inconsciemment. De ce magma plus ou moins organisé d'informations diverses et plus que variées, jaillira l'idée neuve, l'objet nouveau, qui participeront ensuite à l'élaboration d'une autre idée, d'un autre objet en enrichissant les potentiels.
Bon, je m'égare... Très modestement, c'est en faisant mes courses dans le grand magasin de meubles suédois bien connu, que l'idée  a commencé à émerger.

J'étais venue là pour acquérir 3 petites peluches pour illustrer le chiffre 3. Nous avons déjà 1 mini sorcière adorable, 2 rats, l'un tout doux en velours et l'autre dans cette étonnante matière remplie de micro-billes très souple à malaxer.  J'ai trouvé 3 mini souris très douces qui sont désormais accrochées par la queue à l'aide d'une pince à linge sur la corde tendue à travers la classe. Investissement net : 2,97euros pour un énorme éclat de rire en classe quand j'ai sorti de mon sac de courses avec des cris de frayeur, une par une, les 3 bestioles. Je ne sais pas si le chiffre 3 écrit sur l'étiquette surmontant les 3 souris suspendues restera associé à sa découverte active, mais je suis persuadée que l'humour, la surprise et le plaisir font beaucoup pour les apprentissages.
Je sens qu'il y en a qui pensent que j'aurais pu trouver autre chose que des rats et des souris, que ce n'est pas très bien venu dans une classe. Eh bien, non! Ces bestioles suspendues et décrochées de temps en temps pour les toucher, les palper, les compter, et jouer, ne choquent que très peu de temps...les grandes personnes, qui véhiculent tout un tas de préventions qui ont plus à voir avec leur éducation et les interdits culturels qu'avec le réalité d'une douce peluche. D'ailleurs, ces grandes personnes si raisonnables applaudissent Ratatouille sans arrière pensées !

Après cet achat, la logique de circulation dans le magasin m'a fait traverser la zone "vaisselle et autres équipements pour la cuisine". Comme je suis toujours à l'affût d'une nouveauté pouvant faciliter ma vie de "maîtresse de maison accomplie", je furetais parmi les rayons, et commençais par découvrir...une espèce de fleur de carton ondulé, puis une autre, destinées, sans aucun doute à éviter les chocs et donc la casse à des bols ou des coupelles. Je les imaginais déjà recyclées aux couleurs de Noël...mais impossible de dénicher le rayon d'origine, et j'ai dû faire le deuil de ma trouvaille.
Et c'est au hasard de mes recherches que je suis tombée sur la merveille : des cercles de carton fort, semblables aux rouleaux de carton que l'on jette une fois le rouleau de scotch fini. J'ai raflé tout ce que j'ai pu : les clients qui achètent un saladier ne s'encombrent pas de ce qui les isole les uns des autres. J'ai ainsi récupéré une bonne quantité de rouleaux, de circonférence et épaisseur variées, persuadée que je saurais en faire quelque chose, mais ne sachant pas encore vraiment quoi.

C'est là que la machine imagination/création/invention se met en branle. Et je n'ai pas besoin, pour cela de m'assoir et de me prendre la tête entre les mains. Le cerveau est un outil fantastique qui travaille sans qu'on pense à lui et pendant qu'on est en train de faire tout autre chose, comme continuer à déambuler dans les ayons à la recherche d'une autre trouvaille.

J'étais à peine arrivée à la caisse que je savais déjà que chaque élève aurait son rouleau et le mettrait en couleur...ok, ça c'est pas dur à imaginer... Mais pour en faire quoi? Des suspensions au plafond? interdit par le système d'alarme qui se déclenche dès que quelque chose bouge et capte un rayon de lune. Une déco pour le couloir? bof... J'étais sûre que j'allais trouver quelque chose... et c'est le lendemain, en rangeant les rouleaux dans la classe que l'idée a jailli.
Chaque élève peindra un rouleau en vert, l'idéal, étant de proposer diverses tonalités de verts (clairs, foncés, printemps, pomme, citron, mousse, sapin etc...). Des rouleaux surnuméraires seront pailletés en totalité mais resteront anonymes, juste destinés à des ponctuations brillantes, dans l'esprit de Noël.
Le travail prendra peu de temps sur l'organisation de chaque classe, et évidemment, c'est l'idéal : il y a tant d'autres choses à faire.
Une fois la mise en couleur terminée, chaque élève apportera de chez lui une petit objet qui sera destiné à être collé debout à l'intérieur de son rouleau. Seules contraintes : qu'il soit suffisamment petit pour y tenir et que l'élève (et ses parents) comprenne qu'il ne pourra pas le récupérer. Ensuite chaque classe apportera son stock au maître d'œuvre qui officiera dans le préau, à la vue de tous.

Objectif secret qui se dévoilera au fur et à mesure : la construction d'un grand sapin de Noël collectif où chacun pourra identifier sa contribution à l'aide du petit objet.

L'assemblage définitif se fera au pistolet à colle, donc par l'adulte, mais je pense qu'il devrait être possible que chaque élève positionne son objet sur une silhouette préalablement délimitée sur le sol par du scotch d'électricien ou de peintre (qui se décolle sans trace). On peut imaginer pour les plus grands des observations sur la façon dont les cercles de tailles différentes parviennent à s'organiser dans l'espace.
Comme je ne sais pas encore quelle taille aura le sapin, je ne sais pas comment je le ferai tenir debout. Je commence déjà à chercher des solutions. Je sais seulement qu'il serait étonnant que je puisse l'installer contre un mur, aucun ne présentant une telle surface disponible. Affaire à suivre donc.

Une fois le sapin monté, chacun pourra rechercher son œuvre, et pour la retrouver, se trouvera contraint de développer des stratégies de repérage : couleur, positionnement par rapport à l'ensemble, à un rouleau pailleté, aux objets de proximité.... Mais l'intérêt sera surtout d'induire des commentaires et des observations : il y aura 170 objets différents à regarder et à commenter qui seront autant de vecteurs de langage. Et n'est-ce pas ce que l'on doit faire à l'école maternelle...construire son langage, enrichir son vocabulaire, échanger avec ses pairs et les adultes, parents ou personnels de l'école.

Cette nuit de légère insomnie, j'ai repensé le projet et à d'autres extensions possibles : on pourrait fort bien imaginer une "forêt" de sapins sur le mode 1 sapin/1 classe et dont on aurait convenu d'une couleur spécifique avec des objets assortis. Il y aurait donc le sapin des jaunes, celui des verts, des bleus, etc... qui déclineraient toutes les nuances d'une même couleur. Et chaque sapin serait installé sur un lieu collectif comme un préau.
On serait alors dans une œuvre collective mais individualisée par classe qui apporterait ses notes de couleurs et participerait à leur re-connaissance.

Et on peut aller encore plus loin dans l'idée, en oubliant la période de Noël et le collectif au niveau de l'école, pour rester dans sa classe et installer un "collector" des couleurs.  Évidemment, chaque élève ne peindrait pas un rouleau de chaque couleur : il y a 3 ans, mes élèves ont  appris à reconnaître : bleu, rouge, jaune, vert, violet, marron, orange, noir, blanc, rose, et multicolore (un mot magique dont il faudra que je raconte l'histoire amusante), cela en aurait fait des rouleaux à collecter, à peindre et à assembler...sans parler du temps à y passer!
Là, plus besoin de sapin : on peut imaginer d'autres formes, comme des nuages, des maisons, des silhouettes de bonhomme, ou encore des assemblages géométriques relayés par des périmètres marqués sur la feuille de collage, histoire de ne pas oublier les angles inconnus des cercles bien entendu.

On peut aussi s'en servir comme approche des chiffres... Bref, j'ai inventé le recyclage du rouleau à tout faire!

Reste à se fournir en matière première : tout le monde n'a pas un magasin de meubles suédois à côté de chez soi, mais bien d'autres fabricants utilisent ce procédé pour éviter la casse de la vaisselle, il suffit d'explorer les rayons du supermarché, ou encore du magasin de vaisselle. Je serais fort étonnée que les commerçants ne rentent pas dans le jeu, surtout si vous expliquez pourquoi vous en avez besoin et que vous proposez de revenir avec une photo de l'ouvrage une fois terminé...il faut savoir intéresser et motiver.
Une de mes collègues a eu une idée géniale quant à une autre source d'approvisionnement : utiliser les rouleaux sur lesquels sont enroulés les tissus. Les magasins s'en débarrassent facilement, et ils sont souvent de sections diverses. Ensuite, il s'agira de les débiter en rondelles plus ou moins épaisses : ce serait bien le diable si il n'y avait pas un papa bricoleur équipé d'une scie circulaire et doué de bonne volonté pour dépanner l'école de son enfant.

A ne pas oublier pour éviter l'uniformité et générer un relief accrocheur : varier les circonférences et les épaisseurs. Jeux ensuite sur les tonalités de la couleur choisie. Et petit objet à coller de la même couleur dominante que son support dans le cas d'un travail sur les couleurs, mais couleurs indifférentes pour le grand sapin vert collectif.

Cerise ultime sur le gâteau : on peut imaginer un jeu de mémory en photographiant chaque rouleau avant montage, et en faisant des tirages NB et/ou couleurs, si l'école est riche. Un tirage de 9 photos par page n'induirait que 19 feuilles à plastifier après découpe individuelle pour un jeu utilisable par toute mon école de 6 classes : ce qui reviendrait nettement moins cher que les jeux hautement pédagogiques proposés par les fournisseurs spécialisés et serait néanmoins beaucoup plus motivant parce qu'élaboré dans le cadre du vécu scolaire collectif .
Dans le cas du sapin collectif vert, il n'existe pas de contrainte de couleur à propos des objets à coller : les cartes peuvent alors servir à des classement par couleur dominante, ou encore, par famille d'objet. Comme pour tout classement, il y aura inévitablement, des "vilains petits canards" inclassables. Ce sont eux qui permettront la mise en valeur des critères de classement : ne les écartez pas, ils font vraiment partie du jeu.

Je n'ai pas fait de schéma de réalisation, mais si vous en avez besoin, pas d'hésitation, demandez.... De même si mes explications ne vous semblent pas suffisamment claires.

Maintenant que j'ai exposé mon idée...à vous de jouer le jeu aussi...y voyez-vous d'autres extensions?
J'aimerais bien avoir vos réactions et vos suggestions...je suis sûre que cette lecture aura éveillé d'autres idées...Lancez-vous!

1 commentaire:

  1. Bravo pour votre blog, vraiment très original, et que d'idées!! Moi aussi j'adore le bricolage!! Je connais un site qui nous donne plein de conseils et d'astuces, qui pourront peut être vous servir: www.trucs-bricolage.com
    Encore bravo pour vos idées ingénieuses, et bonne continuation à vous!

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