mercredi 30 septembre 2009

Photos, vidéos et vie privée



J'ai dû "anonymer" mes élèves pour respecter leur vie privée, et c'est normal, mais c'est aussi bien dommage, parce qu'ils sont tous très beaux sur ces photos, où l'expression des visages laisse transparaître leurs joies et leurs enthousiasmes.
Peut-être, un jour, pourrais-je utiliser les photos d'origine, mais la loi est là et le droit à l'image est une donnée trop souvent ignorée : à preuve tous les blogs et sites scolaires non protégés qui fleurissent sur le net. Parfois, je me dis que je suis un peu tatillonne, mais je trouve aussi, en même temps, que ce qui est du domaine privé n'a pas à être exposé sans le consentement de tous les acteurs.

Cette année du Petit Jardin a donc été aussi une année de photos et de mini-vidéos grâce à un appareil photo numérique plutôt basique mais très efficace. Basique, simplement parce que je suis fâchée avec la technologie sophistiquée dont je n'ai guère l'utilité. A quoi bon posséder le nec plus ultra quand il s'agit simplement de faire de l'utilitaire... J'aime les assistances techniques efficaces et rapides à comprendre et à mettre en œuvre. Je ne suis pas une pro de l'image et je me fiche un peu des souvenirs paysagers avec grand angle. Il y a pour cela d'excellents professionnels.

J'aime les gens et les images que je capture sont autant de petits moments de vie.
Cette année-là, lors de la 1ère réunion de parents, j'ai proposé de prendre des photos, beaucoup sans doute (mais moins que je ne l'imaginais), avec leur autorisation écrite. Qu'un seul parent refuse- et c'était son droit- et j'aurais dû éliminer toutes les photos où leur enfant apparaissait. Il n'y a eu aucune hésitation. Toute l'année durant ou presque, mon appareil s'est trouvé à portée de main. Je pensais pouvoir "livrer" ces moments de vie scolaire à la fin de chaque trimestre avec un montage explicatif, mais la mise en œuvre s'est révélée trop lourde. C'est en fin d'année scolaire que j'ai copié sur 25 supports apportés par les parents les 2 GO d'archives de cette 1ère année d'école.

Tout cela a l'air simple et évident, mais se frotter à des supports différents et lancer 25 copies, ça demande du temps, beaucoup, et de la patience, beaucoup aussi, surtout lorsque certains supports font de la résistance (à la gravure ou encore à la lecture). Et je ne parle pas de la collecte des supports auprès des parents, pourtant très impliqués.

Il a fallu aussi que j'accepte de livrer ce témoignage brut de décoffrage : impossible en effet de mêler sur un même support photos, vidéos et textes explicatifs...du moins mon niveau technique ne m'y a pas autorisé. Malgré cet énorme manque, il n'en reste pas moins que ces traces sont autant de petits moments pris sur le vif et qui témoignent de la vie de la classe telle que les parents ne l'imaginent même pas.
J'ai été plutôt frustrée, à cause de mon incapacité à résoudre ces problèmes de montage, dans mon désir de faire passer la capacité d'autonomie des enfants de 3 ans.

Il existe, dans une classe, des moments un peu magiques que j'aurais aimé partager.
J'espère que tous les enseignants réussissent à les percevoir et à les savourer.
Je veux parler de ces instants où l'on peut dire que "ça tourne tout seul".
L'enseignant est un metteur en scène qui organise, qui met en place, qui crée l'environnement propice aux apprentissages et qui introduit à un moment donné un élément nouveau qui va induire, produire des actions en fonction d'un but à atteindre, avec à chaque fois, des imprévus qui surgissent et enrichissent la situation, les apprentissages... et le savoir-faire de l'enseignant (c'est sans doute ce que l'on appelle l'expérience).
Les petits moments magiques sont ces instants où l'évidence s'installe, où d'un coup, la symbiose se fait, où la sérénité et l'harmonie dominent. On pourrait quitter la salle sur la pointe des pieds que personne n'en serait troublé et que chacun continuerait à se concentrer sur sa tâche. Pour moi, ce sont des instants d'intense satisfaction pédagogique : j'ai réussi à mener ma petite bande vers sa propre prise en charge, chacun à sa place dans le groupe et chacun œuvrant pour soi et en symbiose avec les autres, et je deviens spectatrice. Ils n'ont plus besoin de moi. Magique, je vous dis.
Ce sont ces moments que j'aurais aimé expliquer, parce que l'image alors à besoin de prendre son sens avec des mots. Tant pis et dommage... mais il n'y a que moi qui sache que c'est dommage, parce que les parents ne le soupçonnent même pas.

D'aucuns s'étonneront sans doute que je me sois astreinte à ce travail de copiste numérique et que je ne me sois pas contentée, tout simplement, de mettre en ligne les images, ce qui m'aurait permis, sans doute, d'y ajouter des commentaires...
La mise en ligne ne peut absolument être sûre et contrôlée. Même si les supports DVD et clé USB peuvent servir de base à une diffusion, celle-ci reste cependant restreinte et circonscrite, normalement, au cercle intime. Il n'en est évidemment pas de même avec une ouverture sur le net, même avec mot de passe confidentiel. Il est évident que certains parents transmettront quelques photos aux papys et mamies, mais cette diffusion n'a rien à voir avec une mise en ligne pure et simple qui s'offre à la vue de tout le monde et donc de n'importe qui.
Et non, je ne suis pas paranoïaque juste respectueuse de la vie privée et des ces instants d'intimé fugace captés par mon appareil photo.
Petite réflexion d'observatrice assumée : un petit enfant se laisse observer sans gêne parce qu'il n'a pas intégré encore les codes de comportement et de protection de sa propre personne. On ne pourrait pas surprendre aussi facilement une personne plus grande. D'ailleurs, en grandissant, on sait sentir peser un regard même quand on a le dos tourné.
Ce petit enfant qui se livre, qui laisse capter son image sans artifice, a droit au respect et à la protection des "devenus grands".

Épilogue : le disque dur de mon ordinateur a rendu l'âme avant que j'ai sauvegardé mes archives sur un disque externe... et j'ai dû demander à des parents de me faire une copie de leur copie!

vendredi 18 septembre 2009

petit jardin et cahier de vie

je vais reprendre le fil du Petit Jardin ce week-end, mais dites-moi si les informations sur le cahier de vie vous intéressent... si elles correspondent à vos attentes...peut-être serait-il judicieux de ne pas tout mélanger...
A vous la parole!

mardi 15 septembre 2009

et si on revenait au Petit Jardin...



Évidemment, on ne peut pas se contenter d'être observateur ou acteur sur le terrain, il faut aussi savoir revenir en classe et passer aux exercices sur papier...de ceux qui laisseront une trace dans le cahier de vie!
Le 1er parait tout simple : petites lignes verticales qui ne se touchent pas (parallèles) pour les brins d'herbe, et grandes lignes-tiges pour les fleurs (relation bijective : une fleur-une tige) qui partent bien de la fleur pour arriver au sol. Ensuite, les élèves pouvaient rajouter, à leur gré, des fleurs et autant de tiges. Je dis bien "parait" parce qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. Faire descendre une grande ligne d'un point à un autre, c'est très difficile, et les tiges sont souvent comme des queues de ballons de baudruche envolés.
Les élèves avaient déjà abordé la graphie des fleurs d'une façon plutôt impertinente : une élève avait offert à la classe, au moment de son départ pour la Corrèze, un album tout à fait emblématique du non-conformisme ambiant : "Crotte de nez". Évidemment, cet album raconté à grand renfort de doigts dans le nez qui s'essuient sur le pantalon avec des "beurk", ne pouvait que séduire et les enfants et la maîtresse. Les inévitables exercices ont permis de transformer les "prout" du loup en fleurs. Voilà comment, dans ma classe, on a appris à dessiner des pétales autour d'un coeur! Tout le monde s'est bien amusé, et personne n'a été choqué.




Cet exercice se passe presque de commentaire : il s'agit d'identifier, de nommer et ensuite de barrer d'une croix (j'ai finalement abandonné la consigne d'entourage, redondant et sans intérêt).
Barrer d'une croix était, pour mes élèves, une nouvelle technique de détermination, associée cette fois à des éléments à charge négative. Faire un trait est une chose, le barrer d'un autre trait en est une autre. Pas facile...mais bien sûr, on y arrive.




Les outils du jardinier : on retrouve les joies de l'entourage, et on se fait une jolie séance de langage autour du bricolage, en ouvrant et explorant la vraie boite à vrais outils de la maîtresse.


Organisation d'images séquentielles : un exercice traditionnel auquel les élèves s'étaient déjà frottés avec succès. Difficulté toute technique de celui-ci : il a été proposé tel quel, sur la feuille pleine. A charge pour eux de découper et d'organiser sur une bande de papier à leur disposition. Et on colle que quand un adulte a donné le "feu vert".

Chaque exercice fait l'objet d'une présentation et d'une résolution collective. C'est un rituel que les élèves apprécient beaucoup. On cherche ensemble , on réfléchit, on explique et on comprend.
Ensuite, la phase individuelle est supervisée par les adultes (maîtresse et Atsem) en plus ou moins grands groupes.

Pour m'aider à inventer mes exercices, j'ai à ma disposition une grande quantité de parutions enfantines, héritées de mes propres enfants. A partir de mes objectifs et du contexte, j'explore ma documentation pour trouver les éléments nécessaires. Inutile donc d'être un crac du dessin...il y a plein de professionnels qui laissent des traces utilisables dans les livres, albums ou périodiques. Et je ne pense pas que nous soyons hors-la-loi lorsque que nous réinvestissons des images publiques dans un exercice qui ne dépasse pas le cadre de la classe.

La couverture du cahier de vie

La couverture est importante : elle doit permettre à son propriétaire une identification immédiate, même en petite section.
Évidemment, je n'invente rien : le mieux, c'est la photo d'identité pour les plus petits, ensuite, c'est la graphie de leur prénom.
Mais pour que le cahier leur appartienne vraiment, j'ai ajouté une "signature" toute personnelle, proche de celle dont se servaient nos ancêtres sans alphabet : l'empreinte. Avec l'avantage incomparable d'un premier contact avec la peinture...les mains dedans!
C'est Nathalie qui prend en charge l'atelier...elle adore!
A disposition : 3 bacs de peinture jaune/rouge/bleu
Chaque élève dispose d'une feuille de papier à dessin grand format, disposée verticalement.
Il s'agit de tremper les mains dans chacune des 3 peintures, d'étaler juste un peu pour couvrir toute la surface sans trop mélanger, puis d'appliquer les paumes bien à plat sur la feuille. Nathalie veille au trop plein et au trop peu, et surtout aide les petites mains à laisser des empreintes totales sans glisser en appuyant légèrement sur le dos des mains. Il faut couvrir toute la feuille sans chevaucher les empreintes. On est donc obligé de recharger les mains en peinture. Une fois passée la surprise du patouillage autorisé, c'est avec désappointement que chacun doit ensuite passer au lavabo. Si certains répugnent au barbouillage, la mine réjouie des copains a vite fait de les convertir...et si les résistances persistent, patience... les empreintes collées sur le cahier finissent par "avoir la peau" des plus réfractaires. Salir ses mains, son corps, c'est souvent passer outre un interdit parental, ça peut demander un peu de temps.
Le gros travail ensuite, c'est Nathalie qui s'en charge : elle découpe chaque empreinte et note les noms sur chacune.
Chaque cahier portera les empreintes des mains droite et gauche de l'élève, collées sur un fond noir, cerné d'un trait de couleur vive (merci les feutres POSCA) et disposé sous la photo d'identité et la graphie du prénom. Et chaque fois qu'un élève prend son cahier, le premier geste qu'il fait, d'un bout à l'autre de l'année, sera de poser ses 2 mains sur ses empreintes. Une façon pour lui, de reconnaître ce qui lui appartient.



D'où la nécessité de mettre une main gauche à gauche et une main droite à droite...cela peut paraître évident...et pourtant, j'ai vu sur les cahiers de classe d'une "copieuse", 2 mains droites ou 2 mains gauche, et même, horreur, une droite et une gauche inversées! Même Nathalie criait au sacrilège et à l'incompréhension. Les empreintes des mains, c'est pas pour faire joli, c'est pas pour la déco...c'est une signature, un brevet de propriété.
Et tant mieux si ça décore et si c'est joli, mais il ne faut pas se tromper d'objectif.

Oui, je sais, j'entends dire "et les autres empreintes? Eh bien, elles vont servir de bases à la première déco collective : les empreintes réunies en motifs vont "signer" le couloir de la classe. On peut imaginer leur recyclage de différentes manières, à chacun de laisser aller son imagination. Voilà la déco de l'année 2007-2008 :



Les élèves ont rajouté des touches de paillettes en guise d'ongles, ce qui leur a permis un premier contact avec colle, pinceau et ...paillettes. Les paillettes et moi, c'est une grande histoire d'amour... Et dans la classe, il n'y avait pas que les paillettes qui brillaient!

Cette déco est vite installée à l'agrafeuse murale. Les tiges sont découpées à main levée au cutter dans du papier noir, idem pour les feuilles, et légèrement nervurées au cutter et pliées de façon à ménager un relief. Chaque fleur est un montage de mains d'un même élève, collées sur un rond de papier. Le prénom est inscrit sur chaque tige. En fin d'année, chaque fleur sera facilement détachée et rejoindra le cahier.


Une autre idée : les mains sont montées de façon à figurer la roue d'un paon...autant de paons que d'élèves, ça fait une jolie galerie de pan pan pan...et ça fait bien rigoler!

lundi 14 septembre 2009

le cahier de vie, c'est parti!

Je n'ai pas encore vraiment résolu le problème de numérisation en direct sur mon portable...il va falloir que je dompte mon matériel, ou du moins, que j'en maîtrise le mode d'emploi.

Les illustrations des pages d'ouverture sont, modestement, de moi, et vous pouvez reproduire ces pages sans soucis de droits d'auteur. A vous de vous les approprier en ajoutant et/ou remplaçant les noms qui conviennent. Si vous ne parvenez pas à travailler directement sur ordi, allez-y de la colle et des ciseaux. Au final, on n'y verra que du feu!
Et puis, un jour, quand vous aurez le temps, vous créerez vos propres pages.



Je vous livre ici un "secret de maîtresse" bien mis en page, avec juste des bandes de quelques mots copiés/collés sur ordi, et ensuite découpées et collées manuellement sur la feuille imprimée du texte.
Il y a certainement des enseignants qui maîtrisent parfaitement l'informatique, et il y a les autres...qui se débrouillent en contournant les problèmes. Je fais partie de la dernière catégorie, et je ne m'en plains pas.

La qualité de la mise en page des textes et des illustrations est primordiale : avant même d'entrer dans l'acte de lecture, il faut d'abord que l'œil soit séduit. Il faut toujours travailler dans la séduction. Il faut donner l'envie d'ouvrir le cahier, et ensuite d'entrer dans le texte. Une fois ce travail d'accroche réussi, il faut aussi adopter un style direct et en même temps léger, c'est à dire tenir un discours sérieux tout en ne se privant pas de quelques traits d'humour. C'est un Cahier de Vie, pas un traité de pédagogie ni de philosophie, et s'il appartient à l'élève, il s'adresse, à travers ses textes, aux parents qui veulent avant tout savoir ce que font leurs enfants en classe, comment et pourquoi.

Le cahier de vie est aussi vecteur d'informations et de sens entre l'enseignant et les parents. A travers les textes et les progressions, les parents pénètrent mieux le langage spécifique de l'école. Ils s'apprivoisent.
On sait bien, et je ne délivre là aucune nouveauté, que les relations parents/enseignants sont souvent délicates...Pourquoi existent-il des zones d'incommunicabilité? Il en est du terrain scolaire comme de tous les autres : il faut d'abord se faire comprendre.
J'ai connu le temps des estrades et des profs détenteurs d'un savoir jalousement gardé, j'ai connu aussi, jeune enseignante, le tableau qui bloque la porte de communication entre 2 classes et la collègue qui vous répond la tête juste passée dans l'entre-bâillement de la porte principale, j'ai connu les "copie pas, c'est mon boulot à moi". Ces attitudes ne paient pas et sont même contre-productives pour employer un terme à la mode.
Quand je reçois les parents, j'ai l'audace de dire que je n'ai pas la science infuse, que je suis moi-même en apprentissage permanent, que, c'est vrai, je possède des compétences qu'ils ne possèdent pas, mais qu'il en est de même pour eux. Je suis enseignante, j'aime mon métier, j'aime mes élèves qui sont leurs enfants, et à nous tous, nous parviendrons à leur donner la joie de vivre, l'envie de grandir et le bonheur d'apprendre.
En m'efforçant d'expliquer ce que je fais en classe, en n'éludant aucune question, en les devançant même, j'instaure un climat de confiance qui va permettre un travail en profondeur au niveau des familles. J'ai même réussi à réconcilier des adultes avec une école dont ils n'avaient conservé que de mauvais souvenirs.
C'est dire combien le Cahier de Vie est un outil remarquable et indispensable, puisque, non seulement, il a une fonction bien réelle en regard des apprentissages des élèves, mais encore parce qu'il crée un terrain de communication, de compréhension et d'échanges entre adultes.

vendredi 11 septembre 2009

Cahier de vie




Je viens juste de cesser de me battre avec le scanner : j'ai eu un peu de mal avec mes numérisations, mais ça y est, j'ai compris...et je recommencerai demain!
J'ai tout de même eu le courage de re-numériser les 3 pages essentielles destinées au Cahier et à l'information des parents.
J'attends que la première réunion de parents ait eu lieu pour donner les cahiers aux enfants. Il est important qu'ils soient parfaitement informés AVANT de recevoir le cahier, afin de savoir ce qu'il convient de faire avec.
J'adore cette 1ère réunion : j'ai devant moi, installés sur les petites chaises où s'assoient d'habitude leurs enfants entre 30 et 40 parents. Et je fais mon numéro pendant plus d'une heure. C'est qu'il s'agit de les séduire, tout comme, je pense un demandeur d'emploi doit séduire son futur patron. De cette réunion dépendra leur adhésion à ma façon de gérer ma classe et leur implication. Il faut qu'ils me donnent leur confiance : je dois les convaincre que nous avançons ensemble, main dans la main, avec les mêmes objectifs. Ils me confient ce qu'ils ont de plus précieux et c'est ensemble, eux et moi, que nous parviendrons à faire de ce petit enfant un écolier heureux de venir à l'école et un futur adulte qui décidera demain du monde dans lequel nous vivrons.
Cette réunion est particulièrement vivante : non seulement je fais le tour de toutes les contraintes matérielles (cette année, la grippe s'est même invitée au programme), j'aborde les notions et savoir-faire à acquérir, je déborde sur les poux et ma recette infaillible, j'insiste sur mon allergie profonde aux bretelles et autres salopettes (des non-sens quand on est encore petit, sujet à des envies pressantes et en demande d'autonomie), mais j'en profite pour les initier à la 1ère comptine qui verra les élèves revenir à la maison les pouces barbouillés qu'ils exhiberont fièrement comme autant de "pompiers"! C'est une précaution sage qui évite quelques rouspétances, le soir, au moment du bain.
Ce que je veux absolument faire passer, c'est que je suis maître à bord, que j'ai été formée pour cette tâche, que j'ai des compétences qu'ils n'ont pas, mais que eux, de leur côté, possèdent aussi des compétences que je n'ai pas, et qu'ensemble, nous pouvons faire de cette année scolaire une année vraiment fantastique. Mon enthousiasme a toujours emporté la sympathie et l'adhésion, et si il s'est trouvé, en cours d'année, que je doive rencontrer des parents pour régler des problèmes posés par leur enfant, le climat de confiance était déjà instauré et la communication s'en est toujours trouvée facilitée, même lorsque les choses n'étaient ni faciles à dire ni agréables à entendre.
Evidemment, si il y a des séduits, il y a aussi des sceptiques, ceux qui attendent de voir...eh bien, ils finissent par voir...et tout va bien.
Les relations se fondent sur le respect et la confiance. Je parle vrai, je suis sincère, et ça fonctionne!
Donc, je finis par parler du CAHIER DE VIE qui sera la grande affaire de l'année.
J'explique que dans ce cahier, il y aura tout ce qui fait la vie de la classe : aussi bien les comptes-rendus de sortie que les exercices, ou encore les textes des comptines etc...
A la fin de l'année, ce cahier aura énormément grossi, sans doute même aura-t-il été augmenté d'un second cahier, mais les parents auront peu d'autres choses à récupérer en fin d'années. Pas de dossiers de feuilles volantes, pas de gigantesques pochettes de peintures... Il y aura des peintures bien sûr, mais les plus importantes seront des travaux collectifs qui resteront dans l'école et décoreront les murs jusqu'à ce que d'autres prennent le relais.
Ce Cahier qui collectera tout ce qui fait le vécu de leur enfant à l'école reviendra à la maison et servira de support à des échanges entre l'élève et tout un tas d'autres personnes qui pourront le regarder (parents, fratrie, mais aussi grands-parents, amis, etc...). Et voilà la grande motivation qui apparait : LE CAHIER EST UN VECTEUR DE LANGAGE. Je ne connais aucun élève qui puisse tenir devant son cahier sans se livrer aussitôt à des discours explicatifs. Idem devant le cahier des "collègues". Tout ce qui est dans le cahier a une histoire, et tout peut se raconter.
Le fait que ce soit un cahier et non un ensemble de feuilles collectées dans un dossier, ou même un classeur est important : il existe un ordre chronologique non modifiable qui implique un avant et un après. Tout ça parait évident bien sûr, mais pas tant que ça lorsqu'on est un enfant et que ces notions ne sont pas en place. Feuilleter, c'est s'inscrire dans un sens, et comme par hasard, ce sens, c'est celui de la lecture. Dans une classe, il n'y a jamais de hasard : les choses se justifient toujours. Ainsi, il convient d'inscrire le nom de l'enfant en haut à gauche : parce que c'est là que l'on commence à écrire le premier mot sur une page. Les parents sont très friands de ces explications et ils comprennent mieux certains automatismes professionnels qui paraissent parfois curieux (les manies de la maîtresse).
Les premières pages sont traditionnellement consacrées à la présentation de la famille et aux photos de vacances. Je précise qu'il se s'agit pas, pour moi, de curiosité malsaine. Je n'ai pas besoin de pénétrer l'intimité des familles, mais les photos des parents, grands-parents et même du chat ou du poisson rouge sont autant de sujets de conversation et de comparaison d'un cahier à l'autre. A travers le cahier, à l'école, les liens se créent : on montre, on regarde, on discute, on suppute...en clair on crée des liens, on communique avec ses pairs ou les adultes de la classe, on entre dans un processus de socialisation. On se définit comme sujet vivant et désirant parmi d'autres sujets vivants et désirants.
Comme à ce moment-là, j'avertis les parents qu'ils vont devoir participer, je lève les inhibitions en précisant qu'il ne s'agit pas d'épater la maîtresse. Ce Cahier, ce n'est pas le mien, ce n'est pas le leur, c'est celui de leur enfant. Lers parents, à travers le cahier, sauront ce qui se passe à l'école, sans qu'ils aient besoin de le demander. Mais c'est à eux aussi qu'incombera la tâche de le conserver en bon état, parce que ce sont eux les grandes personnes, et que les petites personnes ont encore des choses et des comportements à apprendre. Pour cela, il faut, dès le départ respecter le Cahier. L'enfant, lui, comprend tout de suite combien il est important : d'abord il est à lui, et seulement à lui (tout un travail de personnalisation aura été fait avant qu'il l'ait entre les mains la 1ère fois-j'en reparlerai...demain sans doute). Il faut que les parents soient persuadés que c'est un cahier destiné à devenir la mémoire de cette année scolaire.
Comme les enfants aiment et respectent naturellement (du moins je veux le croire) ce qui est beau et en bon état, il faut faire en sorte que le cahier demeure agréable à regarder. Donc, il faut instaurer des rituels et s'y tenir.
-on ne regarde pas le cahier en vitesse sur un coin de table tout juste débarrassé où il risque de se tacher
-on veille à avoir les mains propres
-on s'installe confortablement et on regarde vraiment : l'enfant a besoin de ce regard complice
-on félicite : même ce qui peut sembler "raté" ne l'est jamais vraiment : même les erreurs ne sont que des étapes vers la réussite. Evidemment, il n'y aura jamais de note, mais parfois des annotations faisant état de la démarche de l'enfant et des difficultés surmontées. (j'ai/j'avais une petite section).
-quand on veut ajouter un dessin, des photos, une recette de cuisine etc...il faut d'abord le faire sur une feuille qui sera collée sur le cahier. Jamais on n'utilise une feuille du cahier directement. Evidemment, il arrive qu'apparaisse un "gribouillage"...c'est pas grave! si ce gribouillage ne correspond à rien de justifié, on le recouvre avec une feuille et le tour est joué.
Petite précison technique qui a son importance : le cahier de vie est un cahier de dessin 24x32 de 90 pages. Il est recouvert d'un protège-cahier transparent de qualité qui doit résister aux manipulations pendant une année scolaire.
Je continuerai mes explications pratiques demain, si mon mal de gorge ne se transforme pas en grippe!
Les 3 pages se collent de cette manière :
-sur la 2nde de couverture : voici le cahier de vie de votre enfant
-sur la 1ère page du cahier :" Je m'appelle "en complétant avec les noms de l'école, de la maîtresse (ou du maître), et de l'atsem avec leurs photos d'identité. Et une photo de l'élève en train de faire quelque chose (pour pouvoir en parler)
-Sur la 3ème de couverture : "petites notes à l'usage du cahier de vie"
-sur la dernière page du cahier, je colle une enveloppe de papier kraft destinée à recueillir tout un tas de petites chose à garder qu'on n'aura pas voulu ou pu coller dans le cahier.
PS : j'ai des difficultés de transmission des documents...je vois ça demain.

dimanche 6 septembre 2009

Limaces et digressions...

En ce qui concerne la lutte contre les limaces et autres bavouilleurs, tout ce qui crée un espace non propice au mode de déplacement est bienvenu. Dans ce domaine, l'imagination va bon train, simplement limitée par une éventuelle toxicité ou dangerosité du substrat.
J'ai acheté un petit livre qui traite du phénomène d'une façon humoristique et efficace :
"50 façons d'assassiner les limaces" de Sarah FORD, chez Larousse. C'est pas cher (environ 5euros) et les illustrations sont aussi très drôles...à réinvestir dans des mises en page ou des exercices. Promis, je mets des extraits dès que possible.
suggestion : sélectionner une illustration et en donner 3 ou 4 versions de tailles différentes à classer du + grand au + petit ou le contraire. Ou bien travailler les orientations en tirant des copies en miroir etc...
J'ai très rarement usé d'exercices "tout faits", par contre, je ne me suis jamais privée de m'inspirer de suggestions de progressions. Il faut coller à la réalité de la classe et à son vécu quotidien (là, je ne fais guère preuve d'innovation, mais dans la pratique, on voit souvent des exercices apparaître dans une classe, en placage extérieur, sans autre justification que la consigne et sa correspondance à un programme officiel, ce qui, à mon avis, n'est pas suffisant pour capter complètement et efficacement l'attention de l'élève).
Mon truc à moi : j'ai toujours cultivé un certain recul en introduisant autant que possible une petite touche d'humour. Les élèves, même très jeunes, y sont très sensibles, et ça permet à tous, enfants et adultes, enseignants ou parents, d'établir une "connivence" en créant un terrain accessible. En usant d'humour, j'instaure des zones de partage sans pour autant me départir de mon rôle de "maître d'œuvre".
Utiliser une illustration humoristique pour créer son propre exercice en harmonie avec le vécu de la classe, c'est beaucoup plus motivant et porteur de langage que de polycopier une page d'exercice d'un Xième manuel pédagogique. Bien sûr, j'y passe plus de temps...mais j'y trouve aussi beaucoup plus de satisfaction et d'enrichissement personnels. Quant aux élèves, il suffit le plus souvent que j'apporte mes enthousiasmes nourris par mes propres recherches pour que "ça fonctionne".
Tout ça, c'est bien joli, mais je me rends bien compte que la tâche peut paraître lourde, voire insurmontable quand on en est aux prémisses du métier.
Surtout, ne pas se laisser submerger : il ne s'agit pas, dès les premières années d'exercice de constituer des archives dignes d'un vieux routard de la pédagogie proche de la retraite. Je dirais même que le meilleur pédagogue est celui qui n'a pas d'archives...en ce sens qu'il est toujours en train de créer dans la mesure où les situations et les vécus ne sont jamais les mêmes.
Ce qui ne change pas ou si peu, et qui s'adaptera même au gré des réformes annuelles, ce sont les savoirs et les savoir-faire à acquérir qui constituent "le fond". Ensuite, le choix est là : de multiples publications rassurantes rivalisent de séduction mais sont souvent autant de miroirs aux alouettes.
L'ennui, c'est que lorsqu'on "rate" une séance programmée et dûment estampillée, labellisée ou cautionnée etc., on ne se sent guère à la hauteur et on ne possède souvent pas le recul pour mettre en question l'outil lui-même, puisqu'il bénéficie de tant de "garanties".

Le secret, c'est l'enthousiasme et la passion. Et pour moi, cela passait toujours par la création de mes outils. Et il ne s'agit pas de devenir graphiste ou illustrateur : il y a tout ce qu'il faut dans les livres, sur internet et autour de soi. Être curieux, savoir se servir d'une photocopieuse et d'une paire de ciseaux, avoir sous la main un tube de colle, et le tour est joué. Et quand l'ordi et internet s'en mêlent, les ressources sont encore plus vastes. Et point n'est besoin d'être un virtuose du traitement de textes. Je ne sais toujours pas tabuler en rond, et je me sens comme une préhistorique du logiciel, mais j'ai réussi à contourner les difficultés en faisant mes montages à la main -d'ailleurs, on peut voir des ombres sur les pages du dossier, témoignant d'autant de collages.
Quelle satisfaction de créer du beau et du bien fait qui sera aussi du bien compris et autant de plaisir à partager.

Mon fils a eu aussi son cahier de vie en petite section. Jamais ce cahier n'a été ouvert avec plaisir, ni par lui, ni par son père ou moi. Ce qui était à l'intérieur n'était absolument pas plaisant, d'ailleurs, son enseignante disait elle-même qu'elle n'avait aucun sens esthétique. Et pourtant, il aurait suffi de peu de choses : que les écritures manuscrites (avant l'ère de la démocratisation de l'ordinateur) s'alignent selon des droites parallèles au lieu de danser une gigue improbable dans un coin de page, que les polycopiés soient aussi orthonormés, que les documents soient collés d'aplomb,...et puis, une petite touche d'humour en plus qui mette en appétit...

J'ai l'impression d'avoir "divagué grave" depuis les limaces...c'était glissant sans doute!

mercredi 2 septembre 2009

Les fraises



Pour la page botanique du fraisier, j'ai repris la même démarche graphique qu'avec le radis, mais à partir de la photocopie directe du pied de fraisier.
Cette feuille était collée sur la page gauche du cahier, tandis que sur la page droite se trouvait un vrai pied de fraisier immobilisé sous une grande feuille de plastique adhésif.
Autour de la cour de récréation, sur les talus derrière les grillages, poussent des herbes folles au pied d'un énorme noyer, dont je gaulais les noix tous les automnes, armée d'un balai et perchée sur une chaise (j'étais encore la seule maîtresse à me livrer à ces excentricités). Des herbes folles, mais aussi des fraisiers des bois en tapis piquetés de petites fraises délicieuses et de minuscules fleurs blanches.
Un matin, la classe est allée prélever des pieds de fraisiers destinés au cahier. Il était temps; quelques jours plus tard, les jardiniers municipaux sont venus tondre les talus, et n'ont pas épargné les fraisiers.
Évidemment, la séance a donné lieu à une activité d'observation de de langage avec les mots : racine, feuille, nervures, tige, fleurs à 5 pétales, cœur, fraise, pépins, mais aussi araignée, fourmi et gendarme, rencontrés lors de notre récolte.
Les élèves avaient des consignes très précises : il fallait que chaque fraisier présente au moins une fleur, une petite fraise, des feuilles et des racines... Mission accomplie sans souci.
Les végétaux se conservent très bien sous plastique, et même leurs couleurs.

Truc en plus : une année, nous avons décoré les vitres de la classe avec des feuilles jaunies/rougies par l'automne ramassées dans le parc et plaquées sur les vitres à l'aide de plastique adhésif transparent. Le soleil qui passe à travers les feuilles exposées met bien en relief nervures et structure. Lorsque je les ai jetées pour laisser la place aux déco de Noël, elles étaient en parfait état de conservation, couleurs comprises.