samedi 29 août 2009

les hôtes du Petit Jardin



Évidemment, dans le Petit Jardin, nous ne sommes pas seuls... après limaces et escargots baveurs, ce sont les oiseaux qui se sont livrés à un vrai festival.
Il y a quelques années, nous avions construit une Maison des Oiseaux qui permettait de les nourrir sous abri. En lisière de parc, la Maison accueillait de nombreuses mésanges, mais aussi des moineaux, étourneaux, merles et pigeons. Malheureusement, avec les alertes à la grippe aviaire, la table d'hôte avait fini par disparaître.
L'installation extérieure des plantules, les semis, les plants de laitues et de fraisiers, ont finis par rameuter la gent ailée : c'est qu'il y a des petites bêtes à picorer dans les jardins, et aussi, des petites graines qui ne germeront jamais...
Nous sommes donc partis à la chasse. J'avais acheté des boites d'observation équipées de loupes et en route pour l'aventure.
Parmi le matériel "pédagogique" divers qui équipe ma classe, se trouve une boite contenant des petites bêtes plus vraies que nature dont certaines cependant de taille démesurée (fourmi et mouche géantes!) que les élèves ne se lassent pas de manipuler. J'y ai même adjoint, l'année dernière, une colonie d'araignées orange et noires, tout droit sorties d'un sachet Halloween. Si certains élèves sont parfois réticents en début d'année, ils acceptent cependant assez vite de toucher ces bestioles en plastique.
Dans la boite, mélangés aux insectes et araignées, se trouvent également des poissons et des crabes.
Le premier travail, tout spontané, consiste toujours à trier les objets en 2 catégories : ceux qui vivent dans la mer, et les autres. Ensuite se différencient bien sûr crabes et poissons...et on en profite pour élargir le vocabulaire avec carapace, pince, squelette, arête, etc...
La différence entre insecte et araignée n'est évidemment pas évidente -pour bien des adultes d'ailleurs, l'araignée est un insecte. Et pourtant non! et on en profite, l'air de rien pour apprendre à compter jusqu'à 6 et jusqu'à 8. Inutile en petite section, de se poser la question immédiate de savoir si l'un est plus grand que l'autre. On observe simplement que ce n'est pas pareil. Il y a des petites bêtes à 6 pattes qui sont des insectes, et d'autres à 8 pattes qui sont des araignées. Savoir déterminer l'appartenance à l'une ou l'autre des catégories est déjà un travail qui exige des compétences certaines de dénombrement. Ce sont des acquisitions de connaissances qui dépassent même le programme de petite section, mais qui se font naturellement parce que dans la nécessité et le plaisir.
Lorsque je demande à mes élèves de se "dépasser", je leur dis qu'ils doivent être attentifs parce que nous allons faire un travail difficile. Et ça marche!
J'en veux pour exemple l'apprentissage des couleurs, il y a quelques années. D'habitude, je procédais à travers l'histoire des souris-peintre et nous nous contentions des primaires et des complémentaires en explorant les mélanges de peintures. Cette année-là, je racontais, depuis de nombreuses semaines, l'histoire fétiche de l'année, dont je commençais sérieusement à me lasser du succès : le Petit Chaperon Rouge. Un matin, je changeais la couleur et annonçait l'histoire du Petit Chaperon Vert. Protestations immédiates, bien entendu. Mais j'ai persisté, et avec l'aide des élèves, nous avons exploré les échantillons de couleurs présents dans la classe. Puis, nous avons cherché ce que pouvait bien manger le petit chaperon orange ou violet, etc. Le soir m'a vue découper dans du bristol des silhouettes de maisons dessinées dans les couleurs repérées. A chaque maison correspondait une silhouette de Chaperon de couleur identique. Les élèves ont eu pour mission d'aller par groupe dans les autres classes, chercher des petits matériels de couleur, pour "meubler" la maison. Le toit de chaque maison s'ornait du mot écrit dans sa propre couleur. Il y avait dans la classe, un enfant qui portait un pull de toutes les couleurs. J'ai annoncé, théâtrale, que j'allais leur apprendre un mot très difficile : multicolore. Le succès a été tel que des années après, il ne se passe pas une journée sans ce que ce mot soit prononcé.
Et c'est là que l'anecdote intervient : l'année suivante, je croise une de mes anciennes "petites" qui se plaint d'un élève qui a fait une grosse bêtise en classe, et elle me dit, gravement : "la maîtresse était très en colère, elle était rouge, elle était violette, elle était verte, elle était multicolore!"
Tout cela pour dire qu'on peut repousser les limites des apprentissages. Il suffit de motiver et de ne pas abuser non plus.
Chaque élève a choisi sa couleur préférée et a reçu une silhouette de maison. Il a eu pour mission de collecter des images, des photos ou des petits objets de couleur identique, à coller sur la feuille qui a rejoint le cahier de vie.
Pour en revenir à la chasse aux petites bêtes, notre butin a été maigre : des fourmis, des gendarmes et une seule petite araignée. Après observation sur place, puis ensuite, de retour en classe, dans les boites équipées de loupes, nous les avons remis en liberté.

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