vendredi 11 septembre 2009

Cahier de vie




Je viens juste de cesser de me battre avec le scanner : j'ai eu un peu de mal avec mes numérisations, mais ça y est, j'ai compris...et je recommencerai demain!
J'ai tout de même eu le courage de re-numériser les 3 pages essentielles destinées au Cahier et à l'information des parents.
J'attends que la première réunion de parents ait eu lieu pour donner les cahiers aux enfants. Il est important qu'ils soient parfaitement informés AVANT de recevoir le cahier, afin de savoir ce qu'il convient de faire avec.
J'adore cette 1ère réunion : j'ai devant moi, installés sur les petites chaises où s'assoient d'habitude leurs enfants entre 30 et 40 parents. Et je fais mon numéro pendant plus d'une heure. C'est qu'il s'agit de les séduire, tout comme, je pense un demandeur d'emploi doit séduire son futur patron. De cette réunion dépendra leur adhésion à ma façon de gérer ma classe et leur implication. Il faut qu'ils me donnent leur confiance : je dois les convaincre que nous avançons ensemble, main dans la main, avec les mêmes objectifs. Ils me confient ce qu'ils ont de plus précieux et c'est ensemble, eux et moi, que nous parviendrons à faire de ce petit enfant un écolier heureux de venir à l'école et un futur adulte qui décidera demain du monde dans lequel nous vivrons.
Cette réunion est particulièrement vivante : non seulement je fais le tour de toutes les contraintes matérielles (cette année, la grippe s'est même invitée au programme), j'aborde les notions et savoir-faire à acquérir, je déborde sur les poux et ma recette infaillible, j'insiste sur mon allergie profonde aux bretelles et autres salopettes (des non-sens quand on est encore petit, sujet à des envies pressantes et en demande d'autonomie), mais j'en profite pour les initier à la 1ère comptine qui verra les élèves revenir à la maison les pouces barbouillés qu'ils exhiberont fièrement comme autant de "pompiers"! C'est une précaution sage qui évite quelques rouspétances, le soir, au moment du bain.
Ce que je veux absolument faire passer, c'est que je suis maître à bord, que j'ai été formée pour cette tâche, que j'ai des compétences qu'ils n'ont pas, mais que eux, de leur côté, possèdent aussi des compétences que je n'ai pas, et qu'ensemble, nous pouvons faire de cette année scolaire une année vraiment fantastique. Mon enthousiasme a toujours emporté la sympathie et l'adhésion, et si il s'est trouvé, en cours d'année, que je doive rencontrer des parents pour régler des problèmes posés par leur enfant, le climat de confiance était déjà instauré et la communication s'en est toujours trouvée facilitée, même lorsque les choses n'étaient ni faciles à dire ni agréables à entendre.
Evidemment, si il y a des séduits, il y a aussi des sceptiques, ceux qui attendent de voir...eh bien, ils finissent par voir...et tout va bien.
Les relations se fondent sur le respect et la confiance. Je parle vrai, je suis sincère, et ça fonctionne!
Donc, je finis par parler du CAHIER DE VIE qui sera la grande affaire de l'année.
J'explique que dans ce cahier, il y aura tout ce qui fait la vie de la classe : aussi bien les comptes-rendus de sortie que les exercices, ou encore les textes des comptines etc...
A la fin de l'année, ce cahier aura énormément grossi, sans doute même aura-t-il été augmenté d'un second cahier, mais les parents auront peu d'autres choses à récupérer en fin d'années. Pas de dossiers de feuilles volantes, pas de gigantesques pochettes de peintures... Il y aura des peintures bien sûr, mais les plus importantes seront des travaux collectifs qui resteront dans l'école et décoreront les murs jusqu'à ce que d'autres prennent le relais.
Ce Cahier qui collectera tout ce qui fait le vécu de leur enfant à l'école reviendra à la maison et servira de support à des échanges entre l'élève et tout un tas d'autres personnes qui pourront le regarder (parents, fratrie, mais aussi grands-parents, amis, etc...). Et voilà la grande motivation qui apparait : LE CAHIER EST UN VECTEUR DE LANGAGE. Je ne connais aucun élève qui puisse tenir devant son cahier sans se livrer aussitôt à des discours explicatifs. Idem devant le cahier des "collègues". Tout ce qui est dans le cahier a une histoire, et tout peut se raconter.
Le fait que ce soit un cahier et non un ensemble de feuilles collectées dans un dossier, ou même un classeur est important : il existe un ordre chronologique non modifiable qui implique un avant et un après. Tout ça parait évident bien sûr, mais pas tant que ça lorsqu'on est un enfant et que ces notions ne sont pas en place. Feuilleter, c'est s'inscrire dans un sens, et comme par hasard, ce sens, c'est celui de la lecture. Dans une classe, il n'y a jamais de hasard : les choses se justifient toujours. Ainsi, il convient d'inscrire le nom de l'enfant en haut à gauche : parce que c'est là que l'on commence à écrire le premier mot sur une page. Les parents sont très friands de ces explications et ils comprennent mieux certains automatismes professionnels qui paraissent parfois curieux (les manies de la maîtresse).
Les premières pages sont traditionnellement consacrées à la présentation de la famille et aux photos de vacances. Je précise qu'il se s'agit pas, pour moi, de curiosité malsaine. Je n'ai pas besoin de pénétrer l'intimité des familles, mais les photos des parents, grands-parents et même du chat ou du poisson rouge sont autant de sujets de conversation et de comparaison d'un cahier à l'autre. A travers le cahier, à l'école, les liens se créent : on montre, on regarde, on discute, on suppute...en clair on crée des liens, on communique avec ses pairs ou les adultes de la classe, on entre dans un processus de socialisation. On se définit comme sujet vivant et désirant parmi d'autres sujets vivants et désirants.
Comme à ce moment-là, j'avertis les parents qu'ils vont devoir participer, je lève les inhibitions en précisant qu'il ne s'agit pas d'épater la maîtresse. Ce Cahier, ce n'est pas le mien, ce n'est pas le leur, c'est celui de leur enfant. Lers parents, à travers le cahier, sauront ce qui se passe à l'école, sans qu'ils aient besoin de le demander. Mais c'est à eux aussi qu'incombera la tâche de le conserver en bon état, parce que ce sont eux les grandes personnes, et que les petites personnes ont encore des choses et des comportements à apprendre. Pour cela, il faut, dès le départ respecter le Cahier. L'enfant, lui, comprend tout de suite combien il est important : d'abord il est à lui, et seulement à lui (tout un travail de personnalisation aura été fait avant qu'il l'ait entre les mains la 1ère fois-j'en reparlerai...demain sans doute). Il faut que les parents soient persuadés que c'est un cahier destiné à devenir la mémoire de cette année scolaire.
Comme les enfants aiment et respectent naturellement (du moins je veux le croire) ce qui est beau et en bon état, il faut faire en sorte que le cahier demeure agréable à regarder. Donc, il faut instaurer des rituels et s'y tenir.
-on ne regarde pas le cahier en vitesse sur un coin de table tout juste débarrassé où il risque de se tacher
-on veille à avoir les mains propres
-on s'installe confortablement et on regarde vraiment : l'enfant a besoin de ce regard complice
-on félicite : même ce qui peut sembler "raté" ne l'est jamais vraiment : même les erreurs ne sont que des étapes vers la réussite. Evidemment, il n'y aura jamais de note, mais parfois des annotations faisant état de la démarche de l'enfant et des difficultés surmontées. (j'ai/j'avais une petite section).
-quand on veut ajouter un dessin, des photos, une recette de cuisine etc...il faut d'abord le faire sur une feuille qui sera collée sur le cahier. Jamais on n'utilise une feuille du cahier directement. Evidemment, il arrive qu'apparaisse un "gribouillage"...c'est pas grave! si ce gribouillage ne correspond à rien de justifié, on le recouvre avec une feuille et le tour est joué.
Petite précison technique qui a son importance : le cahier de vie est un cahier de dessin 24x32 de 90 pages. Il est recouvert d'un protège-cahier transparent de qualité qui doit résister aux manipulations pendant une année scolaire.
Je continuerai mes explications pratiques demain, si mon mal de gorge ne se transforme pas en grippe!
Les 3 pages se collent de cette manière :
-sur la 2nde de couverture : voici le cahier de vie de votre enfant
-sur la 1ère page du cahier :" Je m'appelle "en complétant avec les noms de l'école, de la maîtresse (ou du maître), et de l'atsem avec leurs photos d'identité. Et une photo de l'élève en train de faire quelque chose (pour pouvoir en parler)
-Sur la 3ème de couverture : "petites notes à l'usage du cahier de vie"
-sur la dernière page du cahier, je colle une enveloppe de papier kraft destinée à recueillir tout un tas de petites chose à garder qu'on n'aura pas voulu ou pu coller dans le cahier.
PS : j'ai des difficultés de transmission des documents...je vois ça demain.

3 commentaires:

  1. Trop bien, je penserai à toi en plastifiant mes étiquettes. Allez j'y retourne...pffu j'ai pas envie. Ca y est j'ai fini de me plaindre ( au fait j'ai trouvé des palettes et les parents m'apportent des sacs de coruses epais). Ca prend doucement forme..

    A bientot

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  2. ah super !! quelle bonne nouvelle ! Merci :)

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