lundi 31 août 2009

Demain, c'est la rentrée des enseignants!

Et voilà ces fameuses fleurs qui ne s'ouvrent que sous la caresse du soleil!


Un tout petit peu de moi au milieu du Petit Jardin.

Demain, je ne ferai pas la rentrée. L'année dernière, j'ai juste émargé à la pré-rentrée, et j'ai cédé la place à une remplaçante qui n'a eu, pendant tout l'année scolaire qu'une énorme angoisse : que je reprenne ma classe!

Fin juin 2008, j'ai appris que ma surdité, progressive depuis 25 ans, et appareillée, venait de passer le seuil des -110db. Et j'étais toujours en poste, et même, comme toujours, embarquée dans des projets "extraordinaires", avec le soutien sans faille de "mes" parents d'élèves, qui, je l'avais remarqué, multipliaient les gestes pour soutenir nos échanges.
En septembre, les -120 étaient atteints. Même équipée des appareils les plus performants, je ne pouvais plus ignorer que je n'appartenais plus au monde des entendants avec lesquels la communication était de plus en plus délicate.
Impossible de reprendre une classe.
Ne pas faire la rentrée ne m'a pas trop coûté : les élèves n'étaient pas encore "mes" élèves. Pas de liens. Pas de douleurs immédiates
Fin octobre, j'étais implantée et mi-novembre, mon processeur était activé. Avec succès.
Je suis revenue au monde des sons signifiants, avec cependant une énorme restriction : impossible de distinguer un son particulier parmi d'autres sons quand il y a beaucoup de monde. Effet immédiat : impossibilité de revenir en classe, évidemment.
C'est en relançant mon projet de Petit Jardin sur le net, que je mesure, aujourd'hui, le Manque.
Rien qu'en relisant le projet, j'ai des idées qui fusent. Il y a encore tant de choses à faire.
C'est peu dire que j'apprécie les échos que vous me renvoyez, par vos commentaires, vos questionnements, vos enthousiasmes.
Je ne suis pas malade, juste sourde, désormais implantée. J'ai le privilège extraordinaire d'avoir bénéficié des dernières avancées de la science et de la recherche : je suis une femme bionique.
Seulement, l' Éducation Nationale ne sait que faire de personnes comme moi et m'encourage à trouver une autre voie. Le Petit Jardin sera peut-être l'opportunité. Il peut intéresser d'autres secteurs en dehors des Écoles : Maisons de retraite, Hôpitaux, Prisons etc... tous lieux communautaires n'ayant pas nécessairement un terrain à cultiver.
Je ne ferai pas la rentrée cette année encore, mais des projets se profilent, tous passionnants.
Pour reprendre un expression galvaudée par les sitcoms : "elle est pas belle, la vie?"

Alors, à toutes celles et tous ceux qui fréquentent ce blog, même les timides qui n'osent pas laisser un mot, je dis BONNE RENTRÉE! Profitez-en. aimez vos élèves, estimez leurs parents, ils vous le rendront au centuple!
Moi, je tâcherai de vous accompagner avec mon ordi...et mes idées...en toute simplicité, en toute amitié!

Attention, je ne suis pas à plaindre. Un sens me fait défaut, mais les autres se sont développés en conséquence. Je suis bien comme je suis. Ce qu'élèves et parents m'ont renvoyé, et les messages de sympathie que je continue de recevoir font que je peux être fière de l'enseignante que j'ai été. Et ça, c'est important. Pour maintenant, et pour demain.

Alors, 2 mots et c'est tout : BONNE RENTRÉE !

2 commentaires:

  1. Bonsoir, je viens de te lire te j'admire ton courage; j'ai un peu travaillé avec des enfants sourds ( niveau collège-lycée il y a deux ans). Certains étaient implantés mais je n'ai pas eu l'occasion de travailler eux; on m'a dit que cela leur offrait l'occasion d'entendre de nouveau mais très différemment de nous, "entendants". Je te souhaite plein de bonnes choses et de réussites pour cette nouvelle vie qui s'offre à toi.

    Il est dommage que l'éducation nationale ne te propose pas de poste en temps que formatrice. On manque cruellement de conseils et d'aide quand on est jeune prof ( je me considère encore comme une très jeune dédutante); on a souvent le nez dans nos prep. et on tourne parfois longtemps en rond avant de détecter ce qui coince ( même si tatonner peut faire du bien, il y a des limites!)

    Je voulais juste te dire que ton style ( tes écrits) se lisent avec une facilité.... tu as déjà dû penser à éditer quelque chose?..
    Très bon début de mois de Septembre à toi.

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  2. Merci beaucoup pour toutes tes remarques et encouragements.
    Je crois que j'ai dit,quelque part, que nous avions de la chance d'exercer ce métier, parce que nous étions toujours en situation d'apprentissage. J'espère que lorsque les ans et la pratique t'auront pédagogiquement rôdée, tu seras toujours dans le questionnement et la recherche. Pas de la même façon bien sûr, mais je me demande si l'on peut être un bon enseignant quand on pense pouvoir "poser ses valises". Je pense que quand je cesserai d'apprendre, je ne pourrai plus être une passeuse de savoirs et de connaissances, en un mot, je serai morte.
    Ces réflexions me font penser à la "chanson" de Gabin, qui dit, avec sa voix de vieux bougonneur, qu'il a passé sa vie à dire "je sais, je sais", et que maintenant vieillissant, il peut dire "je sais que je ne sais rien".
    C'est peut-être ça, la sagesse, juste la perception de l'humilité de notre condition humaine face aux vanités vaines et quotidiennes.
    Ce qui n'empêche pas qu'on puisse avoir besoin de conseils...
    Je n'ai jamais voulu/pu accueillir de stagiaires dans ma classe, simplement parce que, sourde, je concentrais tout mon attention et mon énergie à son fonctionnement; mais les stagiaires et les remplaçant(e)s de l'école sont souvent reparti(e)s avec des idées, des progressions, des photos des travaux et des affichages. Je n'ai jamais refusé une explication ou un conseil. A chacun d'en faire ce qu'il veut/peut. Si l'on me copie, c'est qu'il y a quelque chose à prendre et peut-être même à améliorer-n'est-ce pas le rôle de l'élève que de dépasser son maître? Et puis, personne ne peut faire exactement comme moi. C'est comme une recette de cuisine : à chacun la petite touche finale, à chacun sa signature.
    Il me plait de "semer mes petites graines" ici. Chacun y puisera ce dont il a besoin, et chacun récoltera ce qu'il a semé, et ce sera toujours différent et autant intéressant.
    Pour en revenir à ton message, j'ai toujours aimé écrire, malheureusement, j'ai dû longtemps le déguiser face à des profs de français qui m'ont "cassée" en affirmant qu'il était impossible que mes textes soient de moi et en me sommant de nommer les auteurs plagiés. Il y a peu de temps que je parviens à goûter l'ivresse des mots sans entrave. Les petits mots aux parents dans les cahiers de vie et l'année dernière, l'ouverture d'un premier blog, m'ont décrispé le "stylo". Mais assez parlé de moi: c'est un autre blog qu'il me faudrait ouvrir pour parler de toutes les vies que j'ai vécues et de celles qu'il me reste à vivre!
    Quant à éditer, pourquoi pas...J'ai déjà publié un album "Mon Tout Petit", sous contrat avec un vrai éditeur (malheureusement sans distributeur)mais ceci est une autre histoire et une fantastique aventure!
    A bientôt, et bon courage pour cette 2ème vraie semaine...

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